06.05.09 - TPIR/NTAWUKULILYAYO - DEBUT DU PROCES DE L'ANCIEN SOUS-PREFET NTAWUKULILYAYO

Arusha, 06 mai 2009 (FH) - Le procès pour génocide de l'ancien sous-préfet, Dominique Ntawukulilyayo, a débuté mercredi après-midi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a constaté l'agence Hirondelle.

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S'adressant aux juges de son ton le plus solennel, Ibukunolu Babajide, du bureau du procureur, a affirmé que l'accusé était « un véritable marchand de la mort ».

Pour le magistrat nigérian, Ntawukulilyayo a, avec d'autres, « planifié le génocide » dans les cinq communes qui constituaient sa sous-préfecture de Gisagara, dans la préfecture de Butare (sud).

Toujours selon Babajide, l'ancien responsable administratif a attiré ses administrés tutsis dans le piège, leur promettant nourriture et protection sur la colline de Kibuye. Lorsqu'ils s'y sont regroupés, il a ordonné leur mise à mort, a accusé le représentant du bureau du procureur.

« Il a sans cesse ordonné de rechercher et tuer les Tutsis jusqu'à la chute du régime » en juillet 1994, a assené M.Babajide, annonçant que trois catégories de témoins, « les auteurs, les observateurs et les rescapés » du génocide, viendraient charger l'ancien sous-préfet.

Après cette déclaration liminaire de la partie adverse, le conseil principal de la défense, le Mauritanien Maroufa Diabira, a demandé, en invoquant la tradition dans son système juridique, à faire « quelques observations ».

Ayant brièvement délibéré à l'audience même, la chambre présidée par la juge pakistanaise Khalida Rashid Khan, a rejeté cette requête, estimant que les propos de l'accusation ne requéraient pas de réplique de la part de la défense.

Le premier témoin à charge, désigné par le pseudonyme AZN, a alors pris place dans le box et devrait poursuivre sa déposition jeudi.

L'ancien sous-préfet a été arrêté le 16 octobre 2007 à Carcassonne, dans le sud-ouest de la France, sur la base d'un mandat d'arrêt émis par le TPIR le 21 septembre de la même année.

Il a par la suite vainement tenté de s'opposer à sa remise au TPIR, une bataille qu'il a portée jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

Transféré à Arusha en juin 2008, Ntawukulilyayo est le troisième accusé remis par la France à ce tribunal.  En 2000, Paris avait acheminé au TPIR l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur Jean de Dieu Kamuhanda définitivement condamné à la prison à vie et le major François-Xavier Nzuwonemeye dont le procès n'est pas encore terminé.

A huit mois de la fin théorique des procès en première instance, six autres accusés déjà entre les mains du tribunal, dont deux anciens ministres, attendent de comparaître.

ER/GF

© Agence Hirondelle