06.05.09 - TPIR/KAREMERA - UN EX-DIRIGEANT DU MRND DEPOSERA POUR SA DEFENSE A PARTIR DU 18 MAI

Arusha, 06 mai 2009 (FH) - L' une des principales figures en procès devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Edouard Karemera, sera dans le box des témoins à partir du 18 mai prochain, pour donner sa version des faits,a-t-on appris lundi auprès de ses avocats.

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Originaire de la préfecture de Kibuye (ouest), ce juriste était en 1994 vice-président de l'ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).

Karemera a également été ministre de l'Intérieur de mai à juillet 1994, date à laquelle le gouvernement intérimaire a dû fuir le Rwanda, laissant le pays entre les mains de l'ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) aujourd'hui au pouvoir à Kigali.

Son audition devrait durer deux semaines, selon les prévisions de ses avocats.

Rares sont les accusés du TPIR qui n'ont pas déposé pour leur propre défense. Certains, comme le colonel Théneste Bagosora, condamné à la prison à vie en décembre dernier, se saissisent de cette occasion unique pour s'attaquer à l'actuel régime rwandais, au risque parfois de perdre de vue les faits qui leur sont reprochés.

L'exercice ne va pas sans péril et peut même avoir un effet boomerang. Car en faisant ce choix, l'accusé s'expose, comme tous  les autres témoins, à un contre - interrogatoire serré par le procureur et parfois même, en cas de conflits d'intérêts, dans un procès joint, par une autre équipe de défense.

Lorsqu'il se contredit, contredit un témoin de sa défense ou toute autre preuve à décharge, il met à mal lui-même sa défense. Conscients qu'il s'agit d'une arme à double tranchant, quelques accusés ont préféré ne pas s'y précipiter.

Ainsi dans le procès « militaires I », où comparaissait Bagosora, l'un des accusés, le général Gratien Kabiligi, le seul à avoir été acquitté dans cette affaire, avait, après une longue réflexion, renoncé à la dernière minute à son droit d'être entendu par les juges.

Karemera qui présente sa défense depuis le 7 avril 2008, est jugé avec les anciens président et secrétaire général du MRND, Mathieu Ngirumpatse et Joseph Nzirorera. Le procès se poursuit en l'absence de Ngirumpatse, alité depuis août 2008 et qui a demandé à être libéré provisoirement pour pouvoir se faire soigner dans un pays européen.

La requête a été rejetée mais la chambre d'appel a ordonné qu'elle soit à nouveau examinée. La décision est encore attendue.

Les débats dans cette affaire ont commencé le 19 septembre 2005. Le procureur a terminé son accusation le 4 décembre 2007. Le 7 avril 2008, Karemera, premier à présenter sa défense, a cité son premier témoin.

ER/GF

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