La sous-préfecture de Gisagara (dans la préfecture de Butare, sud) que dirigeait l'accusé en 1994 comprenait les communes Kibayi, Muganza, Muyaga, Ndora et Nyaruhenegeri,
"C'était le 15 mai 1994 à Muduburi, dans la commune Nyaruhengeri (sud) ; il incitait les gens à tuer, disant que ceux qui tueraient le plus grand nombre de Tutsis recevraient d'importantes récompenses", a raconté le témoin BAW ainsi désigné pour préserver son anonymat.
"Il disait que les corps (des Tutsis tués) devaient être dissimulés pour éviter que les satellites ne les photographient", a accusé BAW, en précisant qu'il était caché près de l'endroit où se tenait l'ex-responsable administratif.
Lors d'une autre réunion publique vers la fin mai 1994, dans la commune Muyaga, l'accusé aurait appelé les Hutus à tuer les Tutsis encore en vie «avant l'arrivée du FPR » (Front patriotique rwandais, ancienne rébellion,
actuellement au pouvoir), toujours selon ce rescapé du génocide.
Le lendemain, les habitants de Muyaga ont battu les buissons et les champs de sorgho, tuant avec leurs armes traditionnelles chaque Tutsi qu'ils débusquaient, a ajouté le témoin qui était interrogé par le Nigérian
Ibukunolu Babajide, du bureau du procureur.
BAW sera confronté aux questions de la défense lundi prochain.
L'ancien sous-préfet qui clame son innocence a été arrêté le 16 octobre 2007 à Carcassonne, dans le sud-ouest de la France, sur la base d'un mandat d'arrêt émis par le TPIR le 21 septembre de la même année.
Son procès a débuté la semaine dernière devant une chambre présidée par la juge pakistanaise Khaliga Rashid Khan.
ER/GF
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