04.06.09 - TPIR/MUNYAKAZI - FIN DE L'ACCUSATION DANS LE PROCES DU DOYEN DES DETENUS DU TPIR

Arusha, 04 juin 2009 (FH) - Le procureur a bouclé son accusation jeudi dans le procès du doyen des détenus du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Yussuf Munyakazi, accusé notamment d'avoir tué des Tutsis qui s'étaient réfugiés dans des églises en 1994.

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Riche propriétaire terrien qui s'était converti au petit commerce, Munyakazi, 74 ans, est le plus âgé des détenus du TPIR.

« Le procureur vient de clore sa thèse, nous attendons que la chambre fixe la date de l'ouverture de la défense », a indiqué à l'agence Hirondelle, Segun Jegede, l'un des substituts du procureur dans cette affaire.

L'audition du douzième et dernier témoin à charge, un homme désigné par le pseudonyme BWU, n'a duré que la matinée, interrogatoire et contre-interrogatoire compris.

Se présentant comme un génocidaire repenti, ce témoin condamné à 10 ans de prison au Rwanda, a affirmé que Munyakazi avait dirigé une attaque le 29 avril 1994 contre les Tutsis qui avaient cherché refuge au complexe de l'église paroissiale de Shangi, dans l'ancienne préfecture de Cyangugu (sud-ouest).

Selon ce témoignage, l'accusé a conseillé aux assaillants de se couvrir de branches d'arbres avant d'entrer dans l'enceinte du lieu de culte.

« Nous sommes alors entrés dans la cour (...) Nous avons ouvert le feu, certains tutsis sont morts, d'autres, nous les avons tués à la machette », a raconté BWU, faisant frémir les personnes présentes dans la galerie réservée au public.

Après ces premiers massacres, Munyakazi aurait ordonné de forcer les portes de l'église. « Cherchez des haches et faites sauter les portes pour que nous accomplissions notre mission dans sa totalité », aurait lancé l'inculpé. Après avoir forcé l'édifice religieux, les tueurs ont poursuivi les massacres qui ont duré plusieurs heures, selon le témoin.

BWU a déclaré que l'accusé ne s'était pas contenté de superviser l'opération. « Il a sorti un pistolet et tiré sur Petronilla Nyiramitereri, une institutrice qui s'était approchée de lui pour le supplier de l'épargner. Elle est morte sur le champ », a-t-il raconté.

Munyakazi suivait attentivement cette accablante déposition, échangeant parfois des propos avec l'un des enquêteurs rwandais de son équipe de défense.

Ce procès a débuté le 22 avril dernier.

Le septuagénaire a été arrêté en mai 2004 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) où il se faisait passer pour un imam, sous le nom de Mzee Mandevu (littéralement, le vieux barbu en kiswahili).

Il est défendu par Jwani Mwaikusa qui enseigne le droit à l'Université de Dar-es-Salaam, en Tanzanie.

La désignation du professeur tanzanien n'est pas le fait du hasard car l'accusé, qui ne comprend ni le français ni l'anglais, les deux langues officielles du tribunal, avaient exigé d'être assisté par un avocat parlant le kinyarwanda ou le kiswahili, langue nationale en Tanzanie.

ER/GF

© Agence Hirondelle