16.06.09 - RWANDA/EGLISE - GENOCIDE : LES JUGES SE RECUSENT DANS LE PROCES D'UN PRETRE

Arusha, 16 juin mai 2009 (FH) - Les juges se sont récusés à la veille du verdict dans le procès de l'abbé Joseph Ndagijmana et ses 16 co-accusés, tous poursuivis devant un tribunal populaire gacaca du sud du Rwanda pour leur participation présumée au génocide de 1994, a-t-on appris mardi de source associative.

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Parmi ses 16 co-accusés, figure un autre religieux, le Frère mariste François Nkusi.

« Les débats étaient clos depuis plusieurs jours et le jugement était attendu aujourd'hui (mardi) mais les juges ont annoncé qu'ils avaient décidé de se récuser», a indiqué à l'agence Hirondelle, un membre d'une association régionale de défense des droits de l'homme.

« Dans ces conditions, le Service national des juridictions gacacas (SNJG) va confier l'affaire à un jury gacaca d'une région éloignée », a expliqué cette source jointe au téléphone à Kigali et qui a préféré garder l'anonymat.

L'abbé Ndagijimana et ses co-accusés  comparaissaient devant le tribunal gacaca du secteur Byimana, dans le district de Muhanga (Province du Sud).

Le prêtre qui clame son innocence est accusé de génocide, assassinats, détention illégale d'une arme à feu et port de l'uniforme militaire pendant les massacres.

Selon l'accusation, le fait d'enfiler la tenue militaire et de fréquenter les miliciens en 1994 encourageait les tueurs.

L'homme d'église aurait par ailleurs chassé les Tutsi qui  étaient allés chercher  refuge à l'église paroissiale de Byimana, ce qui aurait entraîné leur mise à mort à des barrages érigés tout près de l'édifice religieux.

Il répond également de la mort de 7 religieux et religieuses ainsi que d'un journaliste.

L'abbé Ndagijmana avait reconnu qu'il portait bien un fusil en 1994. Il avait cependant expliqué qu'il avait demandé cette arme au ministère de la Défense pour pouvoir protéger les personnes qui étaient venues chercher refuge à son église. Concernant l'uniforme, il avait affirmé l'avoir endossé deux fois pour aller sauver des Tutsis menacés de mort.

ER/GF

© Agence Hirondelle