Le verdict est attendu le week-end.
Selon l'acte d'accusation, le docteur Gakire qui comparaît devant un tribunal populaire gacaca de Nyamirambo, dans la capitale rwandaise, est poursuivi pour « organisation et supervision du génocide, exécution du génocide, mise en place et supervision de barrages routiers, complicité d'assassinats » dans la cellule Gatare qui fait partie du secteur Nyamirambo.
Mercredi, le dernier témoin a affirmé que l'accusé était lui-même Tutsi et qu'il était menacé, en 1994, comme tous les autres membres de son groupe ethnique.
« Je le connais bien. Son père est Tutsi et sa mère Hutue. Pendant le génocide, il a fui son domicile à un moment donné (...) par la suite, il a été victime d'une attaque à la grenade », a affirmé Sudi Buregeya, détenu pour sa participation au génocide.
Le témoin a été condamné à la prison à vie après avoir été reconnu coupable de crimes perpétrés à Nyamirambo, aux mêmes barrages routiers évoqués dans le procès du médecin.
Des témoins à charge ont soutenu que ces barrages de la mort étaient contrôlés par le docteur Gakire.
Interrogé lui-même mercredi sur son appartenance ethnique, le médecin, la cinquantaine, a confirmé le témoignage de Buregeya.
« Effectivement, je suis Tutsi, mais j'attendais une occasion propice pour le dire», a-t-il indiqué au président du jury, sans cependant en convaincre toutes les victimes.
« L'affiliation à l'ethnie tutsie est inventée de toutes pièces, tous les voisins le savent », a ainsi rétorqué une des victimes ayant antérieurement déposé à charge.
Pour les rescapés, un fait reconnu par l'accusé lui-même est pour le moins troublant. Au cours de ce procès, il a avoué qu'il allait et venait, circulait dans les quartiers pendant que les massacres faisaient rage, ce qu'un Tutsi n'aurait pas osé, rappellent les témoins à charge.
Toujours selon certaines victimes, à tous les barrages routiers dans la cellule de Gatare, les Tutsis étaient tués ou sauvés aux seules directives de Marcel Gakire.
Comme lors des précédentes audiences, l'accusé a clamé son innocence, en reconnaissant néanmoins avoir tenu un barrage routier pour, a-t-il dit, sauver sa femme tutsie.
D'abord jugé par un tribunal conventionnel, il avait été condamné à la prison à vie pour les mêmes faits.
Un amendement de loi promulgué l'année dernière avait renvoyé son dossier devant la justice gacaca.
Selon le président du jury, Mister Musekano, le nouveau verdict est attendu à la fin de la semaine.
SRE-ER/GF
© Agence Hirondelle