07.10.09 - TPIR/NIZEYIMANA - LE CAPITAINE NIZEYIMANA TRANSFERE AU TPIR

Arusha, 07 octobre 2009 (FH) - Le capitaine Ildephonse Nizeyimana, arrêté lundi à Kampala (Ouganda), a été transféré mardi après-midi au centre de détention du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, dans le nord de la Tanzanie.

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Accusé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Nizeyimana était commandant en second de l'Ecole des sous-officiers (ESO) de Butare (sud) au moment des faits.

Il devrait comparaître devant un juge du TPIR avant la fin de la semaine, selon le porte-parole du tribunal, Roland Amoussouga.

« Le capitaine Nizeyimana, dans l'exercice de son autorité, a mis sur pied des unités d'éléments extrémistes auxquelles il a confié des missions secrètes », indique l'acte d'accusation. « Au cours de l'une de ces missions secrètes, le 20 avril 1994, le capitaine Nizeyimana a envoyé un groupe de soldats conduits par le sous-lieutenant Pierre Bizimana à la résidence de la reine Rosalie Gicanda, figure emblématique pour tous les Tutsis et a ordonné son exécution, ce qui fut fait par la suite », poursuit le texte.

Rosalie Gicanda était la veuve de l'avant-dernier roi du Rwanda, Mutara III Rudahigwa.

« Ces éléments extrémistes comprenaient également des officiers de l'ESO, originaires du nord comme le capitaine Nizeyimana, sur lesquels il exerçait une autorité quasi exclusive. Ces officiers rendaient compte au capitaine Nizeyimana et exécutaient ses ordres », ajoute l'acte d'accusation.

Le capitaine est également accusé d'avoir dressé des listes d'intellectuels tutsis à éliminer dans la cité universitaire de Butare.

Au quartier pénitentiaire du TPIR, il retrouve plusieurs compagnons d'armes, dont le lieutenant Ildephonse Hategekimana qui commandait le petit camp militaire de Ngoma, toujours à Butare.

Selon des témoins experts de l'accusation au TPIR, les deux  accusés ont agi de concert pendant le génocide. « Au début des massacres, le camp Ngoma, l'ESO et la gendarmerie se répartirent la responsabilité de la région environnant la ville de Butare, sous la direction de Nizeyimana et de Hategekimana », écrit ainsi feu l'historienne américaine Alison Des Forges dans Aucun témoin ne doit survivre. «Hategekimana et ses hommes devaient tuer les Tutsis à Ngoma, à Matyazo et dans d'autres secteurs contigus » tandis que « Nizeyimana et les militaires de l'ESO tuaient dans le centre de la ville de Butare, y compris dans le quartier résidentiel de Buye où Nizeyimana supervisa personnellement le meurtre du procureur adjoint Matabaro », ajoute Mme Des Forges.

ER/GF

© Agence Hirondelle