17.12.09 - TPIR/FILM - « D'ARUSHA A ARUSHA », PREMIER FILM DOCUMENTAIRE SUR LE TPIR

Paris, 17 décembre 2009 (FH) - Le premier long métrage documentaire consacré au travail du Tribunal pénal international pour Rwanda (TPIR), réalisé par le cinéaste français Christophe Gargot, est sorti mercredi dans quelques salles à Paris et à Marseille.

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Primé en juillet 2008 au Festival international du documentaire de Marseille, mention spéciale Amnesty International au festival Indie Lisboa 2009, sélectionné à Berlin et dans d'autres festivals internationaux, ce film d'une heure et 55 minutes, rythmé par d'incessants allers-retours entre Arusha et le Rwanda, décrit les limites du tribunal d'Arusha et de sa perception par la population rwandaise.

S'appuyant sur les images d'archive officielles du TPIR, le réalisateur montre le déroulement des audiences, des plaidoiries à charge et à décharge, des explications données à la barre par des accusés comme l'ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense Théoneste Bagosora, ou le présentateur italo-belge de la Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) Georges Ruggiu.

Des séquences de procès sont montrées aux Rwandais. Confronté aux images du procès de Bagosora, accusé d'avoir été le « cerveau du génocide » et condamné à la prison à vie en décembre 2008, Jean de Dieu Bucyibaruta, un ex-enseignant ayant avoué sa participation au génocide, s'étonne. « Mais qui est celui-là ? », s'interroge le Rwandais qui découvre à la fois l'existence du personnage et celle de son procès à Arusha.

Ces Rwandais disent ce qu'ils comprennent de cette justice internationale, de la façon dont Hutus et Tutsis vivent ensemble, se réconcilient ou pas, avec ou sans elle. « Je peux affirmer après toutes ces années et après toutes ces rencontres avec les Rwandais que la relation entre le TPIR et le Rwanda ne s'est pas faite », souligne Christophe Gargot qui a travaillé quatre ans sur ce documentaire. « Concrètement, pour les Rwandais le TPIR c'est quelques séquences vidéo au journal du soir lorsque quelques personnalités emblématiques de l'ancien régime sont condamnées. Mais c'est tout. »

Un rendez-vous « tristement manqué » pour le réalisateur, qui s'interroge : « Dans quelle mesure la justice vient ici contribuer à un travail de réconciliation ? » Lorsqu'elle se fait, « la confrontation avec des images de procès émeut d'abord considérablement, et les réconcilie avec une certaine idée de la justice. »

« D'Arusha à Arusha » ne se veut pas un film à charge sur le TPIR. Il donne plutôt au spectateur des clés pour réfléchir sur ses limites, et plus généralement sur celles d'une justice internationale souvent frappée -au-delà du TPIR - d'impuissance politique. « Ici l'impuissance du TPIR, constate Christophe Gargot, ce n' est pas uniquement de ne pas pouvoir oeuvrer plus à la réconciliation nationale. C' est aussi celle de ne pouvoir juger équitablement l'histoire, c'est-à-dire d'évoquer bien évidemment le génocide des Tutsis mais aussi les crimes commis par le FPR [le Front Patriotique Rwandais, au pouvoir actuellement à Kigali]".

FP/ER/GF

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