28.01.10 - RWANDA/GENOCIDE - UN RELIGIEUX ACQUITTE DE GENOCIDE PAR UN TRIBUNAL POPULAIRE

Arusha, 28 janvier 2010 (FH) - Le représentant au Rwanda de la congrégation des Oblats du Verbe, le Frère Jean de Dieu Tulikunkiko, qui était poursuivi pour génocide, a été acquitté mardi par une juridiction populaire gacaca (prononcer gatchatcha) d'appel de Kigali qui a confirmé le jugement en première instance, a-on appris jeudi de source associative.

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Pendant les massacres de Tutsi en 1994, le religieux vivait au siège de sa congrégation à Ndera, dans la banlieue est de Kigali.

Poursuivi pour génocide, détention illégale d'une arme à feu et participation à des attaques aux côtés de miliciens, il avait été acquitté au premier degré le 24 avril 2007, selon la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands lacs (LDGL), un collectif basé à Kigali.

Les plaignants avaient fait appel.« La juridiction d'appel l'a acquitté de toutes les charges », rapporte la LDGL sur son site internet.

Le jury populaire a par ailleurs condamné à 3 mois de prison, pour faux témoignage, Adeline Mukamurenzi, qui faisait partie du groupe des accusateurs du religieux. Les juridictions gacacas ont le pouvoir de punir des témoins lorsqu'il apparaît que ces derniers ont délibérément menti pour entraver le cours de la justice.

Le rôle de l'église catholique rwandaise dans le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 est très controversé.

La conférence des évêques catholiques du Rwanda ne cesse d'appeler les fidèles ayant participé au génocide à avouer leurs crimes et à demander pardon aux victimes, au peuple rwandais et à Dieu. Mais elle refuse de reconnaître la responsabilité de l'église en tant qu'institution.

Plusieurs responsables de l'église catholique au Rwanda ont été jugés par les gacacas ou les tribunaux conventionnels pour leur rôle présumé dans le génocide de 1994 qui a fait, selon l'ONU, près de 800.000 tués, essentiellement d'ethnie tutsi. Certains ont été condamnés et d'autres acquittés, comme l'évêque de Gikongoro (sud), Mgr Augustin Misago, qui a repris son ministère après le jugement.

Inspirées des anciennes assemblées villageoises lors desquelles les sages réglaient les différends, assis sur le gazon (gacaca, en langue rwandaise), les juridictions gacacas sont chargées de juger les auteurs présumés du génocide, à l'exception des « planificateurs au niveau national » relevant de la compétence des tribunaux classiques.

Les gacacas devraient terminer leurs travaux le mois prochain, selon le calendrier officiel.

ER/GF

© Agence Hirondelle