15.02.10 - RWANDA/GACACA - PROCES EN APPEL POUR UN INFIRMIER ET UN GUERISSEUR

Kigali, 15 février 2010 (FH)- Un infirmier aujourd'hui âgé de 88 ans, Barnabé Rwanyabugigira, et un célèbre guérisseur, Epaphrodite Nzeyimana, poursuivis dans deux procès différents, ont comparu dimanche devant des juridictions gacacas d'appel dans le district de Kamonyi, dans le centre du Rwanda.

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Pendant le génocide de 1994, Rwanyabugigira était responsable de la pharmacie de l'hôpital de Remera-Rukoma (centre du Rwanda), une propriété de l'Eglise presbytérienne au Rwanda (EPR).

En première instance, il avait été condamné à 30 ans de prison après avoir été reconnu coupable de « complicité d'assassinat de sa collègue Marie Claire Umugiraneza et de plusieurs autres tutsis venus se réfugier chez lui » en 1994.

Dimanche, il a de nouveau clamé son innocence devant le jury d'appel. « Des miliciens m'ont frappé et je suis tombé en syncope... Quand j'ai repris connaissance, j'ai appris qu'ils avaient tué des gens », s'est-il défendu.

Mais un témoin, condamné pour le meurtre de Marie-Claire Umugiraneza, a affirmé que l'infirmier avait ordonné à la jeune femme « d'enlever le tablier de l'hôpital avant d'être tuée ».

Le procès reprendra dimanche prochain avec l'audition des témoins à décharge.

Une autre juridiction gacaca d'appel dans le district de Kamonyi a annoncé dimanche la réouverture des auditions dans le procès du guérisseur de renom Epaphrodite Nzeyimana, dit Mahoro.

Alors que les débats avaient été déclarés clos le 7 février, le guérisseur a obtenu du jury une décision l'autorisant à faire comparaître d'autres témoins.

Nzeyimana est accusé d' «organisation du génocide et réunions d'incitation au génocide, complicité de plusieurs assassinats à Gatagara », un village du district de Kamonyi. L'année dernière, il avait été acquitté de ces charges, mais les plaignants avaient fait appel.

Selon plusieurs sources concordantes, Nzeyimana avait disparu de son domicile après le génocide pour réapparaître quelques années plus tard, dans une localité du district de Muhanga (sud) avec un nouveau statut de guérisseur et un nouveau nom, Isidore Mahoro.

Il a alors acquis une notoriété nationale en 2005 lorsqu'il a proclamé avoir découvert un médicament contre le sida. De tous les coins du Rwanda, les malades ont déferlé dans sa parcelle, transformée en pseudo centre hospitalier.

L'arrêt sera rendu dimanche prochain.

Inspirés des anciennes assemblées villageoises lors desquelles les sages réglaient les différends, assis sur le gazon (agacaca, en langue rwandaises), les tribunaux gacacas sont chargés de juger les auteurs présumés du génocide de 1994, à l'exception des « planificateurs au niveau » nationa, relevant de la compétence de la justice classique.

SRE-ER/GF

© Agence Hirondelle