La fille d'un dictateur, un ex-diplomate onusien et une ancienne Première dame font la course en tête dans les sondages pour le 1er tour de l'élection présidentielle, dimanche au Guatemala.
Leurs tendances politiques vont de la droite conservatrice au centre gauche, mais, dans un pays profondément catholique, les trois favoris se déclarent tous opposés au mariage homosexuel et à l'avortement.
- Zury Rios -
La candidate de droite Zury Rios, 55 ans, est la fille du défunt dictateur Efrain Rios Montt, arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 1982 et lui-même renversé un an plus tard.
Mme Rios avait été empêchée de se présenter à la précédente élection en 2019 en raison d'une interdiction constitutionnelle s'appliquant aux parents du dictateur poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité.
Elle prend pour modèle la "guerre" déclarée par le président Nayib Bukele du Salvador voisin contre les bandes criminelles qui sèment la terreur dans le nord de l'Amérique centrale.
Avocate de 1996 à 2012, elle est mariée à un homme d'affaires américain et mère d'une fille née d'un précédent mariage avec un ancien membre du Congrès américain.
L'avocat de droite Ricardo Mendez Ruiz salue "la grande force de travail et la profonde connaissance de l'Etat" de la candidate, mais l'ex-président Alfonso Portillo (2000-2004) dénonce son appétit de pouvoir personnel.
- Edmond Mulet -
L'ancien diplomate Edmond Mulet, 72 ans, se présente pour le parti centriste Cabal, qu'il a lui-même fondé en 2020 et brigue pour la deuxième fois la présidence (il était arrivé 3e en 2019).
Contrairement à ses deux principales adversaires, il critique la "guerre contre le crime" du voisin salvadorien.
Disant vouloir combattre la corruption, son programme promet un système de retraite universel, la gratuité des médicaments, un accès élargi à l'internet, et la lutte contre le chômage des jeunes.
Journaliste avant de se lancer dans la politique, il est marié et père de deux enfants.
En 1992, il a été président du Parlement puis ambassadeur aux Etats-Unis et auprès de l'Union européenne.
Il a poursuivi sa carrière à l'ONU, où il notamment a été chef de cabinet du secrétaire général Ban Ki-moon entre 2015 et 2017, chef de la Mission des Nations unies en Haïti (MINUSTAH), et sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix.
Soupçonné d'avoir favorisé des adoptions accélérées d'orphelins durant la guerre civile, il est brièvement arrêté en 1981 mais les poursuites sont abandonnées. Cette ombre le poursuit cependant.
"Il a beaucoup de tact (...) mais sa main ne tremble pas lorsqu'il s'agit de prendre une décision", dit de lui l'avocat Estuardo Rodriguez qui a participé à sa campagne en 2019.
- Sandra Torres -
Candidate de centre gauche, Sandra Torres, 67 ans, a été l'épouse de l'ancien président de gauche Alvaro Colom (2008-2012), décédé cette année.
Elle a déjà échoué trois fois à l'élection présidentielle (deux fois au second tour en 2015 et 2019), après avoir divorcé de son mari en 2011 afin de ne pas être frappée par l'interdiction faite aux parents proches d'un ancien chef de l'Etat de briguer la présidence.
Mme Torres a focalisé sa campagne sur la lutte contre les bandes criminelles et veut elle aussi imiter le président salvadorien Nayib Bukele. Elle promet de combattre la pauvreté grâce à des programmes d'aide alimentaire et de formation.
Accusée de financement illégal de sa campagne de 2015, les poursuites ont été abandonnées.
Divorcée en 2002 d'un premier mari avec lequel elle a eu quatre enfants, elle a épousé Alvaro Colom l'année suivante.
Décrite comme autoritaire, les milieux conservateurs l'accusent d'avoir participé à la guérilla marxiste durant la sanglante guerre civile (1960-1996), ce qu'elle a toujours nié.
"Elle est tenace et travaille dur", reconnaît son ancien allié, le député Oscar Argueta, qui lui reproche cependant d'être prompte à "écarter" ceux qui "ne lui sont plus utiles".