22.04.10 - TPIR/KAREMERA - UN HISTORIEN CONDAMNE NIE TOUJOURS AVOIR DIRIGE LA RTLM

Arusha, 22 avril 2010 (FH) - L'historien Ferdinand Nahimana, condamné à 30 ans de prison pour le contenu des émissions de la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM), dont il avait été l'un des principaux promoteurs et actionnaires, a réitéré jeudi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qu'il n'avait jamais dirigé cette station.

2 min 10Temps de lecture approximatif

Ce brillant universitaire formé en France avait été extrait de sa prison malienne pour venir déposer en faveur de Joseph Nzirorera, ancien secrétaire général du MRND, le parti de l'ex-président Juvénal Habyarimana. Accusé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Nzirorera plaide non coupable.

«Je ne dirigeais pas la RTLM (pendant le génocide des Tutsis en 1994). Je n'ai jamais été directeur de cette radio », a clamé l'universitaire au terme de son témoignage entamé la veille.

Le procureur, Don Wesbter, lui a lu une conclusion de la chambre d'appel selon laquelle il était « le supérieur hiérarchique du personnel de la radio ».

Le condamné, qui a toujours avancé que le directeur de la RTLM s'appelait Phocas Habimana, a répondu : « Je suis au courant de cette disposition de l'arrêt (...) Je suis à la recherche de faits nouveaux pour demander une révision ».

Niant toujours avoir exercé un contrôle effectif sur le travail de la radio après l'assassinat du président Habyarimana, le témoin a cependant reconnu le caractère incendiaire de la RTLM après le 6 avril 1994. « Que ce soit au niveau de la chambre de première instance ou devant la chambre d'appel, j'ai regretté le contenu de certaines émissions qui, effectivement, incitaient aux tueries. Il n'y a pas à en débattre », a-t-il déclaré.

Vendredi, la défense de Nzirorera va citer un autre condamné définitif du TPIR, Hassan Ngeze, l'ancien directeur du journal extrémiste hutu Kangura.

Sur la liste des prochains témoins de l'ex-secrétaire général du MRND, figurent également les deux plus célèbres détenus du tribunal, le colonel Théoneste Bagosora, et l'ex-ministre de la Famille, Pauline Nyiramasuhuko.

Directeur de cabinet au ministère de la Défense en 1994, Bagosora, qui avait été présenté par l'accusation comme « le cerveau » du génocide, a été condamné à la prison à vie en décembre 2008 et attend son procès en appel.

Il a cependant été acquitté du chef d'entente en vue de commettre le génocide qui se trouvait au coeur de l'affaire.

Quant à Nyiramasuhuko, première femme poursuivie pour génocide devant un tribunal international et seule femme à avoir été mise en accusation par le TPIR, elle attend le verdict de la chambre de première instance.

Nzirorera est jugé avec l'ex-président du MRND, Mathieu Ngirumpatse, et l'ancien vice-président du parti, Edouard Karemera.  

ER/GF

© Agence Hirondelle