De nationalité américaine, comme Robinson, le professeur Erlinder, détenu à Kigali depuis le 28 mai, est président de l'Association des avocats de la défense au TPIR basé à Arusha, en Tanzanie.
Dans sa demande de retrait, Me Robinson, qui soutient que les allégations rwandaises contre Erlinder sont directement liées à sa mission au tribunal international, disait craindre d'être lui-même poursuivi par le Rwanda.
« Je ne trouve aucun fondement à votre requête et c'est pourquoi elle est rejetée », indique le greffier du TPIR, Adama Dieng, dans une décision datée du 9 juin et consultée mardi sur le site internet du tribunal.
Me Robinson défend Joseph Nzirorera, l'ex-secrétaire général du MRND, ancien parti présidentiel.
C'est le greffe, l'organe chargé de la gestion administrative et financière du tribunal, qui « commet d'office » les avocats de la défense ou met fin à leurs services, dans le cadre du programme d'assistance juridique aux accusés jusqu'ici tous considérés comme incapables de payer un défenseur.
« Je suis persuadé que l'arrestation de M. Erlinder n'a rien à voir avec son travail au TPIR, étant donné que son voyage à Kigali n'était lié en aucune façon à son mandat avec le TPIR. Et même si tel était le cas, je ne verrais pas de lien direct avec votre capacité à vous acquitter de votre mission en tant que conseil », juge M.Dieng.
« Le 2 juin 2010, le procureur général du Rwanda, en réponse au TPIR, a indiqué que l'arrestation de M. Erlinder n'était pas liée à sa mission au TPIR. De plus, les autorités rwandaises ont souligné qu'elles respecteraient les dispositions du mémorandum d'entente régissant la coopération » avec le tribunal, « en garantissant aux membres des équipes de défense une liberté complète de mouvement et d'action sur le territoire rwandais », poursuit-il.
Le greffier souligne que « plusieurs équipes de défense se trouvent actuellement au Rwanda en missions autorisées par le TPIR, même après l'arrestation de M.Erlinder » et que parmi elles, figure le propre enquêteur de Me Robinson.
« Beaucoup de missions ont été effectuées au Rwanda des membres de votre équipe, y compris vous-même sans aucune plainte, au cours des dernières longues années », rappelle Dieng à l'avocat américain.
M.Dieng souligne enfin que l'avocat a déjà passé plus de 15.000 heures de travail sur cette affaire depuis sa désignation en 2002, « ce qui représente un coût de 1.700.943 dollars américains de frais dans le cadre du programme d'assistance juridique ».
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