Accusé d'entente en vue de commettre le génocide, génocide et extermination, Gaspard Kanyarukiga, aujourd'hui âgé de 65 ans, était un homme d'affaires très envié dans la localité de Nyange.
Non instruit, c'est grâce à sa fortune qu'il était entré le cercle restreint des notables de l'endroit parmi lesquels le vicaire de la paroisse, l'abbé Athanase Seromba, condamné définitivement à la perpétuité pour le massacre qui profana son église.
Le 24 mai dernier, la représentante du procureur, Holo Makwaia, a requis la prison à vie, en soulignant que les Tutsis de Nyange avaient été tués « de la façon la plus brutale, la plus barbare, à l'intérieur de la Maison de Dieu ». Ils ont été violemment ensevelis par des briques lorsque l'édifice religieux a été rasé par un bulldozer à la mi-avril sur ordre, selon le procureur, de l'accusé et d'autres notables de l'endroit.
Parmi ces derniers, la poursuite mentionne, en plus de Seromba et Kanyarukiga, l'ancien maire de Kivumu -commune qui abritait la paroisse-, Grégoire Ndahimana, dont le procès reprend lundi, et l'ex-inspecteur de police judiciaire Fulgence Kayishema, encore recherché par le TPIR.
Pour sa part, l'avocat principal de la défense, David Jacobs, a demandé l'acquittement de son client, en affirmant que Kanyarukiga ne se trouvait pas à Nyange le 16 avril 1994, date de la démolition de l'église. Me Jacobs a expliqué que son client était plus tôt occupé à évacuer sa deuxième femme qui était bloquée à Ndera, dans la banlieue de Kigali. L'avocat n'a pas manqué de souligner l'amour et le respect que son client vouait à cette épouse pourtant tutsie.
L'accusé, dont le procès a débuté le 31 août 2009, a été arrêté en Afrique du Sud le 16 juillet 2004 et transféré 3 jours après au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie.
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