02.11.10 - TPIR/NDAHIMANA - « J'AI TUE CA ET LA SANS M'INQUIETER DE POURSUITES » (TEMOIN)

Arusha,  2 novembre 2010 (FH) -  Un ancien administré de l'ex-maire Grégoire Ndahimana, en procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a affirmé mardi, dans son témoignage, avoir tué beaucoup de Tutsis dans sa commune en 1994 sans s'inquiéter des éventuelles poursuites judiciaires.

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Inculpé de génocide et extermination, Ndahimana était maire de Kivumu, dans l'ancienne préfecture de Kibuye (ouest) en 1994.

« Ce que j'ai fait à Kivumu est horrible. Maintenant que je me sens en paix avec le Dieu Tout-puissant, je suis prêt à tout dire. Je suis allé ça et là, en tuant. J'ai commis plusieurs atrocités sans m'inquiéter de poursuites », a avoué le témoin CBR ainsi désigné pour préserver son anonymat.

Au deuxième jour de son témoignage contre Ndahimana, il était contre interrogé par Wilfred Nderitu, l'un des avocats de l'ex-maire.

Le témoin a notamment avoué sa participation à l'attaque du 16 avril 1994 contre les Tutsis qui s'étaient retranchés dans l'église catholique de Nyange située dans la commune Kivumu.

Appuyé par un bulldozer chargé de raser l'édifice religieux, cet assaut a fait environ 2.000 tués, selon des sources concordantes.

« J'ai participé à l'attaque (...) J'y ai tué beaucoup de réfugiés » (tutsis), a déclaré le témoin, sans que sa voix trahisse la moindre émotion.

CBR, actuellement en prison au Rwanda après sa condamnation pour son rôle dans le génocide, a par ailleurs affirmé qu'il avait tué deux autres Tutsis avant de se joindre à l'assaut contre l'église.

« J'étais proche de l'autorité », a insisté le témoin, justifiant ainsi son impunité jusqu'à son arrestation en juillet 1994 par les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) qui venaient de chasser du pays les Forces armées rwandaises (FAR) et leur gouvernement.

Les anciens responsables civils ou militaires inculpés par le TPIR ont à répondre non seulement de leur présumée  participation individuelle directe mais aussi de leur soutien, actif ou passif, aux exactions commises par leurs subordonnés ou leurs administrés.

Né en 1952, l'ex-maire a été arrêté le 10 août 2009 dans un camp de réfugiés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et transféré, onze jours plus tard, au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie. Son procès a démarré le 6 septembre.

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