11.01.11 - CPI/BEMBA - REPRISE DU PROCES DE JEAN-PIERRE BEMBA

La Haye, 11 janvier 2011 (FH) -  Le procès de Jean-Pierre Bemba a repris, mardi 11 janvier 2011, devant la Cour pénale internationale (CPI) avec l'audition du quatrième témoin de l'accusation. Le sénateur congolais est accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour viols, meurtres et pillages commis par sa milice en Centrafrique, entre le 26 octobre 2002 et le 15 mars 2003.

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Le témoin, une femme qui bénéficie de mesures de protection, a déposé sous pseudonyme, et une partie de son audition a été entendue à huis clos. Dès l'ouverture de l'audience, la présidente de la chambre, la brésilienne Sylvia Steiner, a demandé aux parties de « ne pas poser de questions embarrassantes ou éventuellement intrusives ».

Le témoin est une victime directe des « Banyamulenge », tels qu'étaient désignés les hommes de Jean-Pierre Bemba. Le 27 octobre 2002, a-t-elle raconté, elle a été agressée à deux reprises par quatre membres des « banyamulenges », les hommes de Jean-Pierre Bemba. Son frère a été tué. « Des oncles et des gens du quartier sont venus. Ils ont pris le corps qui baignait dans le sang. J'ai chauffé de l'eau et j'ai lavé le corps. J'ai donné un de mes pagnes »  a poursuivi le témoin, qui raconte que son frère a été enterré au PK12, un quartier en banlieue de Bangui.

Elle a aussi raconté avoir été sexuellement agressée par les miliciens. Mais cette partie de sa déposition a été entendue à huis clos.

Les miliciens ont également pillé, a-t-elle ensuite expliqué : « quand ils entraient dans la maison, ils disaient, ‘donnez de l'argent, donnez de l'argent et on ne vous tuera pas' ». Selon elle, les rebelles de François Bozize s'étaient retirés de la région avant l'arrivée des « Banyamulenge ».

Les hommes de Jean-Pierre Bemba intervenaient à la demande du président d'alors, Ange-Félix Patasse, menacé par la rébellion du général Bozize qui s'est finalement emparé du pouvoir en mars 2003. Selon la défense, les hommes de Jean-Pierre Bemba intervenaient pour lutter contre la menace des rebelles, mais le procureur affirme qu'au moment des crimes, ces derniers s'étaient retirés.

Le procès de Jean-Pierre Bemba avait été suspendu le 7 décembre. Suite à une décision des juges, de nouvelles victimes ont été admises à participer à la procédure. Aujourd'hui, elles sont 1312, représentées par deux avocats.

Le 17 décembre, les juges avaient rejeté une nouvelle demande de mise en libération de l'accusé. Cependant, selon la presse congolaise, Jean-Pierre Bemba a été autorisé à se rendre à l'enterrement de la seconde femme de son père, Josette Efika, organisé à Waterloo, en Belgique, le 10 janvier 2011. La décision des juges est restée confidentielle.

Jean-Pierre Bemba a été arrêté en Belgique le 24 mai 2008. Son procès devant la Cour pénale internationale, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, a débuté le 22 novembre 2010.

SM/GF

© Agence Hirondelle