L'audition du témoin, une femme qui bénéficie de mesures de protection, a été entrecoupée d'un très grand nombre de huis clos. Mais d'après les éléments entendus en public, le témoin affirme être la victime directe d'une attaque perpétrée par les « banyamulenge », les hommes de Jean-Pierre Bemba. Fin octobre 2002, suite à l'attaque de son quartier de Bangui par des tirs de mortiers, elle avait été violée par quatre miliciens, tandis que son frère était assassiné. C'était la nuit. « Ils m'ont fait sortir dehors, à côté de la maison, au niveau de l'ancienne latrine et c'est à ce niveau là qu'ils m'ont violé », a-t-elle raconté à la barre.
Selon le témoin, les hommes portaient l'uniforme de la Garde présidentielle centrafricaine, mais étaient des « banyamulenge », comme étaient désignés par la population les miliciens envoyés par Jean-Pierre Bemba. Au cours du contre-interrogatoire du témoin, maître Nick Kaufman, l'un des avocats de l'accusé, a contesté qu'il s'agissait de soldats à la solde de son client. « Si c'était des militaires centrafricains qui portaient l'uniforme, je les aurais reconnus, a rétorqué le témoin. Ils ne parlaient pas la langue de notre pays. Ils parlaient la langue des Banyamulenge, ils parlaient le Lingala » a affirmé le témoin, qui s'exprimait en sango.
L'avocat israélien a aussi suggéré que les souvenirs du témoin avaient été involontairement influencés par les récits d'autres personnes, entendus après les événements. Tout au long de l'audience, Jean-Pierre Bemba, qui porte des lunettes, a suivi attentivement la déposition du témoin qui se poursuivra vendredi. Le procureur doit présenter, lundi, son cinquième témoin.
Le procès de Jean-Pierre Bemba s'est ouvert le 22 novembre 2010.
SM/GF
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