28.03.11 - TPIR/PROCES - TROIS JUGEMENTS ET L'APPEL BAGOSORA ATTENDUS CETTE SEMAINE

Arusha, 28 mars 2011 (FH) - La semaine qui vient de s'ouvrir est riche en événements au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avec, notamment, trois jugements et l'appel du colonel Théoneste Bagosora, le plus célèbre des détenus de la juridiction.

2 min 57Temps de lecture approximatif

Le coup d'envoi a été donné lundi avec l'audience d'appel dans le procès de Yussuf Munyakazi condamné à 25 ans de prison en première instance pour des massacres de Tutsis qui avaient cherché refuge dans des églises de la préfecture de Cyangugu (sud-ouest). Munyakazi a demandé l'acquittement tandis que le procureur a requis la perpétuité, la peine maximale au TPIR.

Mardi, le TPIR rendra son premier jugement de l'année, avec le verdict du procès de Jean-Baptiste Gatete, ancien maire et ancien haut fonctionnaire au ministère de la Famille et de la promotion féminine. Poursuivi pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, Gatete, ingénieur agronome de formation, était, en 1994, directeur au ministère de la Famille et de la promotion féminine, un poste auquel il avait été nommé une année auparavant, après avoir dirigé d'une main de fer sa commune natale de Murambi (préfecture de Byumba, est du pays).

Il est accusé d'avoir ordonné et supervisé les massacres de Tutsis dans certains secteurs des préfectures Byumba et Kibungo. Le procureur a requis la prison à perpétuité contre lui le 8 novembre 2010.

Toujours mardi, la chambre d'appel entendra le recours du lieutenant-colonel Ephrem Setako, condamné à 25 ans de réclusion.

Mercredi, l'ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense, le colonel Bagosora qui avait été présenté par l'accusation comme « le cerveau » du génocide, reviendra au prétoire plus de 2 ans après sa condamnation à la prison à vie. Pour son procès en appel qui doit durer trois jours, le détenu phare du TPIR compte sur l'audition d'un membre de l'actuel gouvernement rwandais, sommé de comparaître mercredi. Ministre chargé de la gestion des catastrophes et des réfugiés, le général Marcel Gatsinzi, fut chef d'état-major de l'armée rwandaise pendant les 10 premiers jours du génocide. Bagosora espère, par ce témoignage, réfuter les conclusions des premiers juges, selon lesquelles il était la plus haute autorité militaire du Rwanda entre le 7 et 9 avril 1994. Le condamné soutient, en effet, qu'en sa qualité de directeur de cabinet, il n'exerçait aucun contrôle sur les forces armées.

Il comparaîtra avec le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva et le major Aloys Ntabakuze, également condamnés à la prison à vie au premier degré. Leurs recours seront entendus jusqu'à vendredi, jour où ils pourront, s'ils le souhaitent, s'adresser personnellement à leurs juges.

Ce même vendredi, la chambre d'appel rendra deux arrêts, dont le plus attendu concerne l'ex-préfet de Kigali, le colonel Tharcisse Renzaho condamné à la perpétuité le 14 juillet 2009.

Renzaho avait été reconnu coupable de génocide, assassinats et encouragement à commettre le viol, ces deux derniers chefs étant retenus contre lui à la fois comme crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La chambre de première instance avait conclu à sa responsabilité, notamment dans le massacre de plus d'une centaine de Tutsis tués par des miliciens Interahamwe le 17 juin 1994 à l'église de la paroisse Sainte Famille au coeur de la capitale.

L'autre arrêt concerne le lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi, qui était basé à l'Ecole ses sous-officiers (ESO) à Butare (sud). L'officier a été condamné à 15 ans de prison le 11 février 2010 après avoir été reconnu coupable d'incitation directe et publique à commettre le génocide. Il s'agissait d'un second procès, le premier ayant été annulé en raisons d'erreurs dans l'acte d'accusation. C'est un discours en kinyarwanda prononcé pendant le génocide au centre de négoce de Gikore, dans la commune Nyaruhengeri (préfecture de Butare) qui lui a valu cette condamnation.

ER/GF

© Agence Hirondelle