Les juges n'ont pas retenu les chefs d'entente en vue de commettre le génocide, assassinats et viols, pour lesquels il était également poursuivi.
« La chambre condamne Jean-Baptiste Gatete à une peine unique d'emprisonnement à vie », a déclaré le juge présidente Khalida Rachid Khan au terme de la lecture d'un résumé en anglais du jugement.
Gatete, ingénieur agronome de formation, était, en 1994, directeur au ministère de la Famille et de la promotion féminine, un poste auquel il avait été nommé une année auparavant après avoir dirigé d'une main de fer sa commune natale de Murambi (préfecture de Byumba, est du pays).
Le tribunal a conclu à sa responsabilité dans les massacres de Tutsis en trois endroits dans les préfectures de Byumba et Kibungo en avril 1994.
D'abord le 7 avril 1994, au bureau du secteur Rwankuba, dans la commune Murambi, puis le 11 avril à l'église paroissiale de Kiziguro, dans la même commune, et enfin le 12 avril à l'église paroissiale de Mukarange, dans la commune Kayonza (préfecture de Kibungo).
A Kiziguro comme à Mukarange, Gatete est responsable du meurtre de « centaines voire de milliers de civils Tutsis », a indiqué la juge pakistanaise.
A Kiziguro, les personnes tuées ont été jetées dans une fosse commune, selon le jugement qui souligne que certains Tutsis ont été forcés de porter les corps des leurs vers la fosse avant d'être également mis à mort.
A Mukarange, il a, en plus des ordres donnés, armé les tueurs, toujours selon la chambre. « Les fusils et grenades apportés par Gatete et d'autres autorités ont été un facteur décisif dans le succès de l'attaque » contre les Tutsis qui y avaient cherché refuge, note le jugement.
Vêtu d'un costume noir, l'ancien responsable aux cheveux gris est resté impassible durant la lecture du jugement. A la fin de l'audience, il est resté quelques minutes dans le prétoire, conférant avec son avocate française, Marie-Pierre Poulain.
« Je ne suis pas satisfaite du jugement, je ferai ce que je pourrai », a déclaré cette dernière à l'agence Hirondelle. Ce nouveau jugement est le premier rendu cette année par le TPIR basé à Arusha, dans le nord de la Tanzanie.
ER/GF
© Agence Hirondelle