Russie-Ukraine : d'une insurrection à une guerre d'envergure

3 min 15Temps de lecture approximatif

Alors que la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie est entrée dans sa troisième année, retour sur les étapes d'un conflit né de la réponse de Vladimir Poutine à une révolution pro-occidentale à Kiev en 2014.

- Crimée annexée et séparatisme -

Après l'envoi d'hommes armés à partir du 28 février 2014, le président russe annexe le 18 mars la Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine. Les tensions séparatistes s'y sont accrues depuis la destitution, le 22 février, du président prorusse Viktor Ianoukovitch, défait par une révolution pro-occidentale dite du Maïdan à Kiev.

Washington et Bruxelles infligent de lourdes sanctions économiques à Moscou.

Dans l'Est frontalier de la Russie, deux républiques séparatistes prorusses sont autoproclamées en mai dans les régions de Donetsk et de Lougansk, où un conflit armé éclate.

Le 17 juillet le vol MH17 de la Malaysia Airlines est abattu au-dessus d'une zone séparatiste par un missile de fabrication russe, tuant 298 personnes, majoritairement des Néerlandais. Un tribunal néerlandais condamne en 2022 par contumace deux Russes et un séparatiste ukrainien.

- Accords de Minsk -

Après de premiers accords de cessez-le-feu signés à Minsk en septembre 2014 restés largement lettre morte, un texte "Minsk 2" est adopté en février 2015, sous médiation franco-allemande.

Ces accords, entre Ukraine, Russie, régions séparatistes et Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), limitent les combats sans toutefois y mettre fin.

- Relance diplomatique de Zelensky -

Elu président de l'Ukraine en avril 2019, l'ex-comédien Volodymyr Zelensky promet de relancer le processus de paix.

Mais les avancées restent timides : un sommet infructueux fin 2019, quelques échanges de prisonniers et le retrait des troupes dans de petites zones du front. Avant une nouvelle impasse.

- Bruits de bottes -

Le 1er avril 2021, les combats s'intensifient quand Kiev accuse Moscou de masser des troupes à ses frontières.

Le président russe accuse lui les Occidentaux de livrer des armes à l'Ukraine et de mener des exercices militaires "provocants".

Début 2022, plus de 150.000 soldats russes sont aux frontières ukrainiennes et la guerre a déjà fait environ 14.000 morts.

Le 21 février, Vladimir Poutine reconnait l'indépendance des "républiques" séparatistes et y déploie des troupes.

- 2022: Invasion -

Le 24 février à l'aube, Vladimir Poutine lance une "opération militaire spéciale", pour "démilitariser" et "dénazifier" l'Ukraine et protéger l'est russophone d'un "génocide".

Une invasion à grande échelle est engagée. Depuis Kiev Volodymyr Zelensky mène la résistance.

L'Occident impose à Moscou une cascade de sanctions. Bruxelles et Washington débloquent des milliards d'euros pour livrer armes et aide à l'Ukraine.

Les forces russes progressent rapidement dans le sud, s'emparant de Kherson, port stratégique de la mer Noire.

Dès mars, elles occupent la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud) mais échouent à encercler Kiev et à prendre Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine.

- Crimes de guerre -

Le 2 avril, une équipe de l'AFP découvre les corps d'au moins 20 civils dans une rue de Boutcha en banlieue de Kiev.

C'est la première d'une série de découvertes macabres dans des villes désertées par les forces russes, qui déclenchent un tollé international et des enquêtes pour crimes de guerre.

Le 21 mai, la Russie prend la ville portuaire de Marioupol (sud-est), après la reddition de combattants ukrainiens retranchés dans l'usine sidérurgique d'Azovstal.

- Contre-offensive ukrainienne -

Fin août, l'Ukraine lance une offensive pour reprendre Kherson et défendre la ville orientale de Bakhmout, face aux mercenaires du groupe Wagner.

Début septembre, l'armée russe est poussée à une humiliante retraite dans la région frontalière de Kharkiv.

Le 30 septembre, Vladimir Poutine annexe les régions de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia, sans toutefois les contrôler complètement. Mais le 9 novembre, l'armée russe doit quitter Kherson, son plus grave revers.

Armée ukrainienne et occupant russe se pilonnent inlassablement de chaque côté du fleuve Dniepr.

Moscou plonge la population ukrainienne dans le froid et le noir en frappant des installations électriques.

- Armes occidentales -

En janvier 2023, l'armée russe, renforcée par 300.000 réservistes et les paramilitaires de Wagner, repasse à l'offensive, particulièrement dans le Donbass.

Pour sortir d'une guerre de tranchées, Kiev obtient enfin de ses alliés des chars lourds modernes, notamment des Leopard allemands. En mai, Washington promet des chars Abrams et autorise la livraison d'avions de chasse F-16.

Néanmoins, après des mois de carnage, la Russie déclare le 20 mai la capture de Bakhmout.

- Front gelé -

La contre-offensive ukrainienne longtemps attendue débute en juin. Mais la ligne de front bouge peu et les pertes de chaque côté sont lourdes.

Le président ukrainien réclame davantage d'armes et de munitions, mais le soutien à Kiev s'effrite en raison de dissensions politiques à Washington et de frictions européennes.

Mi-février, l'armée ukrainienne se retire de sa ville forteresse d'Avdiïvka, près de Donetsk, premier vrai gain territorial de Moscou depuis la prise de Bakhmout.