07.04.11 - RWANDA/GENOCIDE - UNE EXPOSITION A KIGALI FAIT REVIVRE LE GENOCIDE DES TUTSIS

Kigali, 7 avril 2011 (FH) - Dans le cadre de la 17ème commémoration annuelle du génocide perpétré contre les Tutsis, le Rwanda organise au stade national à Kigali, sa première exposition sur l'histoire de ce génocide perpétré d'avril à juillet 1994.

2 min 33Temps de lecture approximatif

Faisant alterner photos, livres, projections de films, messages écrits, dessins d'enfants, l'exposition offre une variété poignante qui replonge dans l'angoisse, l'horreur et les douleurs du Rwanda de 1994.  

« J'ai perdu ma vie pendant le génocide ». En gros caractère au dessus d'une grande photo d'un garçon de 7 ans tué le 11 avril 1994, ce message d'outre-tombe accueille les visiteurs à l'entrée de l'exposition. Pas de nom, lèvres sèches comme rongées par la peur d'un danger proche, l'innocence dans ses yeux. A sa famille, il avait promis de devenir médecin. Freddy Mutanguha, qui sert de guide, explique que lorsqu'il a vu approcher les miliciens et les gendarmes en avril 1994, il a dit courageusement à sa mère : « N'aie pas peur, la MINUAR (Mission de l'ONU au Rwanda) va nous secourir ».  

L'enfant faisait partie des 5.000 Tutsis qui s'étaient réfugiés à l'Ecole technique officielle (ETO) à Kigali et qui furent abandonnés à la merci des tueurs par le contingent belge de la force des Nations Unies.  

La descente aux enfers continue avec des photos et des messages illustrant le climat haineux précédent le génocide : discours incendiaires, articles du journal extrémiste hutu Kangura et émissions de la tristement célèbre Radio libre des mille collines (RTLM).   

Plus loin, une grande photo qui a déjà fait le tour du monde accroche le regard. Elle montre une jeune femme tenant une énorme massue dans la main droite, une machette et un poignard pendant à sa ceinture. La légende indique simplement que la photo a été prise le 12 juin 1994, à un barrage sur la route Kigali-Gitarama.   

La phase d'exécution du génocide surgit alors dans toute sa brutalité : des scènes de miliciens taillant en pièces leurs victimes, des monceaux de cadavres servant de barrages routiers, des églises transformées en boucheries, etc.   

On voit aussi quelques images de « justes », des Hutus, risquant leur propre vie, pour sauver des Tutsis. Puis les rebelles du FPR qui arrivent et arrêtent le génocide.   

Suivent des images de l'après-génocide : veuves et orphelins en proie aux affres de la vie. Certaines, parmi ces femmes ont été violées en 1994 et contaminées par le VIH alors que des enfants eux même contaminés, devenus chefs de famille, se débattent dans un total dénuement.   

L'après-génocide, c'est aussi la justice. Ici l'exposition présente des images du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, en Tanzanie, et des juridictions semi-traditionnelles gacacas.   

Enfin, au bout de la galerie, « la photo de l'espoir » illustrant un Rwanda qui renaît des cendres, illuminé par un soleil levant, et la capitale Kigali en plein essor de développement. Cet espoir en l'avenir est incarné par des rescapés qui, dans le film « Dreams of future» (Rêves d'avenir), témoignent que, 17 ans après le génocide, le présent est meilleur et l'avenir plein de promesses.   

L'exposition durera jusqu'à la fin du mois.   

SRE/ER/GF   

© Agence Hirondelle