08.04.11 - CPI/KENYA - DES SUSPECTS EN COLS BLANCS DEVANT LA CPI

La Haye, 8 avril 2011 (FH) - Poursuivis pour crimes contre l'humanité commis suite à l'élection présidentielle de décembre 2007, notamment dans la vallée du Rift au Kenya, le vice-premier ministre Uhuru Kenyatta, le directeur de Cabinet de la présidence, Francis Muthaura et l'ancien chef de la police kényane, le général Ali Hussein, ont comparu devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI), le 8 avril. L'audience visait essentiellement à les informer des charges portées contre eux.

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Le procureur avait demandé l'émission de citations à comparaître plutôt que des mandats d'arrêt. Les trois suspects comparaissent donc librement, à la condition de ne pas entraver le cours de la justice. Dès les premières minutes de l'audience, la présidente de la chambre, Ekaterina Trendafilova, a informé les suspects que la tenue de « discours dangereux », tel que rapportés « dans la presse kényane », serait considéré comme une violation et pourrait résulter en l'émission de mandats d'arrêt. L'avocat de Francis Muthaura, maître Karim Khan, a précisé qu'« il ne faudrait pas que le public qui suit ces débats au Kenya ait l'impression que monsieur Muthaura ne suit pas strictement les instructions données par la chambre ».

La chambre a ensuite demandé aux suspects s'ils connaissaient la nature des charges portées contre eux. « Oui, j'ai bien été informé par le biais du communiqué de presse du procureur » a déclaré le vice-premier ministre du Kenya, Uhuru Kenyatta. Les six suspects poursuivis par le procureur pour les crimes commis au Kenya avaient été désignés publiquement par le procureur, le 15 décembre 2010, avant que les juges n'acceptent de délivrer des citations à comparaître, trois mois plus tard. Les avocats ont ensuite demandé que le procureur divulgue les pièces à charges contre les trois hommes. Depuis le 8 mars 2011, date à laquelle les trois hommes ont été cités à comparaître, aucune pièce n'a été transmise à la défense, selon les avocats.

Suite à l'audience, Uhuru Kenyatta a été accueilli devant le tribunal par les applaudissements d'une trentaine de supporters, avec lesquels il a chanté l'hymne national. Quelques manifestants, issus de la diaspora, ont aussi brandi des affiches sur lesquelles ils demandaient le transfert de l'affaire dite des « 6 d'Ocampo » au Kenya. Le gouvernement Kenya a déposé une requête devant la Cour, fin mars, demandant que les violences post électorales soient jugées sur son sol. Les juges n'ont pas encore rendu leur décision.   

Les audiences destinées à confirmer, ou non, les charges émises par le procureur, débuteront le 21 septembre 2011.

SM/GF

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