Depuis le début du procès, le 22 novembre 2010, Jean-Pierre Bemba affirme qu'il n'est pas responsable du comportement de ses troupes en Centrafrique qui, selon lui, étaient placées sous le contrôle de l'ex-président Patassé. Au cours du contre-interrogatoire de Firmin Feindiro, la défense de Jean-Pierre Bemba a pu, sur certains points, consolider cette thèse.
Le procureur général de Bangui avait conduit une enquête judiciaire à la demande de l'état centrafricain, qui en janvier 2005, avait finalement renvoyé l'affaire au procureur de la Cour pénale internationale. A l'époque, Firmin Feindiro avait estimé, dans ses réquisitions, que Jean-Pierre Bemba devait être « mis hors de cause ». Il motivait sa proposition en écrivant que « jusqu'à présent, rien ne permet de prouver sa participation directe à la commission des faits perpétrés par ses hommes » et que « s'il n'est pas contesté qu'il a envoyé sa troupe à la demande du sieur Ange-Félix Patassé, il en demeure étranger quant à leur utilisation sur le terrain ».
Contre-interrogé par Aimé Kilolo, l'un des avocats de Jean-Pierre Bemba, Firmin Feindiro a expliqué qu'« effectivement, c'est moi qui l'ai écrit de ma main » car « aucun des témoins n'avait encore cité Bemba comme étant un auteur matériel direct ».
Lors de son contre-interrogatoire, le témoin a précisé que pendant la guerre, « les instructions venaient de Patassé, qui dirigeait les choses, enfin presque. S'agissant du MLC, les commandants du MLC géraient les troupes et ce sont eux qui donnaient les ordres. »
S'appuyant sur les propos du témoin, la défense a estimé que Jean-Pierre Bemba ne faisait pas partie de la chaine de commandement. « Les ordres étaient donnés par Ange-Félix Patassé, transmis au général Bomayake, puis au général André Mazi, de l'armée centrafricaine, qui les répercutait au colonel Moustapha, du MLC » a affirmé maître Kilolo. « Dans les premiers moments, c'est possible, a répondu le témoin. Mais il y a des nuances, dans les ordres et la répercussion des ordres. Au début les FACA [Forces armées centrafricaines] ont travaillé avec les troupes du MLC. Mais par la suite, à partir de l'incident [indicent survenu mi novembre 2002 entre l'armée centrafricaine et les soldats du MLC], la situation ne se déroulait plus de cette manière. »
Jean-Pierre Bemba avait été arrêté en Belgique le 24 mai 2008 et transféré au siège de la Cour, à La Haye, le 3 juillet.
SM/GF
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