11.04.11 - CPI/BEMBA - LA DEPOSITION DU PROCUREUR DE BANGUI CONSOLIDE LA THESE DE LA DEFENSE

La Haye, 11 avril 2011 (FH) - Le procureur général de Bangui, Firmin Feindiro, a poursuivi sa déposition contre Jean-Pierre Bemba, les 7 et 11 avril, devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Le sénateur congolais et président du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) est accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour les viols, meurtres et pillages commis par ses soldats en Centrafrique, entre octobre 2002 et mars 2003. Le MLC avait été appelé en renfort par le président centrafricain d'alors, Ange-Félix Patassé, menacé de coup d'état par son rival, le colonel François Bozizé, aujourd'hui au pouvoir.

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Depuis le début du procès, le 22 novembre 2010, Jean-Pierre Bemba affirme qu'il n'est pas responsable du comportement de ses troupes en Centrafrique qui, selon lui, étaient placées sous le contrôle de l'ex-président Patassé. Au cours du contre-interrogatoire de Firmin Feindiro, la défense de Jean-Pierre Bemba a pu, sur certains points, consolider cette thèse.

Le procureur général de Bangui avait conduit une enquête judiciaire à la demande de l'état centrafricain, qui en janvier 2005, avait finalement renvoyé l'affaire au procureur de la Cour pénale internationale. A l'époque, Firmin Feindiro avait estimé, dans ses réquisitions, que Jean-Pierre Bemba devait être « mis hors de cause ». Il motivait sa proposition en écrivant que « jusqu'à présent, rien ne permet de prouver sa participation directe à la commission des faits perpétrés par ses hommes » et que « s'il n'est pas contesté qu'il a envoyé sa troupe à la demande du sieur Ange-Félix Patassé, il en demeure étranger quant à leur utilisation sur le terrain ».

Contre-interrogé par Aimé Kilolo, l'un des avocats de Jean-Pierre Bemba, Firmin Feindiro a expliqué qu'« effectivement, c'est moi qui l'ai écrit de ma main » car « aucun des témoins n'avait encore cité Bemba comme étant un auteur matériel direct ».

Lors de son contre-interrogatoire, le témoin a précisé que pendant la guerre, « les instructions venaient de Patassé, qui dirigeait les choses, enfin presque. S'agissant du MLC, les commandants du MLC  géraient les troupes et ce sont eux qui donnaient les ordres. »

S'appuyant sur les propos du témoin, la défense a estimé que Jean-Pierre Bemba ne faisait pas partie de la chaine de commandement. « Les ordres étaient donnés par Ange-Félix Patassé, transmis au général Bomayake, puis au général André Mazi, de l'armée centrafricaine, qui les répercutait au colonel Moustapha, du MLC » a affirmé maître Kilolo. « Dans les premiers moments, c'est possible, a répondu le témoin. Mais il y a des nuances, dans les ordres et la répercussion des ordres. Au début les FACA [Forces armées centrafricaines] ont travaillé avec les troupes du MLC. Mais par la suite, à partir de l'incident [indicent survenu mi novembre 2002 entre l'armée centrafricaine et les soldats du MLC], la situation ne se déroulait plus de cette manière. »

Jean-Pierre Bemba avait été arrêté en Belgique le 24 mai 2008 et transféré au siège de la Cour, à La Haye, le 3 juillet.

SM/GF  

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