21.04.11 - CPI/KATANGA - DEVANT LA CPI, DES TEMOINS PROTESTENT CONTRE LEUR DETENTION A KINSHASA

La Haye, 21 avril 2011 (FH) - Ancien agent des services de renseignements congolais, Pierre Mbodina, dit Pichou, a déposé, entre le 18 et le 21 avril, en faveur de Germain Katanga. Accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis à Bogoro, dans l'Ituri, le 24 février 2003, Germain Katanga était, selon le procureur, l'un des commandants de la Force de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI).

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Comme Floribert Njabu avant lui, Pierre Mbodina a d'abord protesté contre sa détention à Kinshasa. La défense de Germain Katanga a appelé trois témoins, tous incarcérés à la prison de Makala, à Kinshasa. Ils ont été transférés à La Haye fin mars.

Lors de son audition, Floribert Njabu, ancien président du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), a expliqué ne pas connaître les charges retenues contre lui à Kinshasa. « Comme d'habitude dans notre pays, on arrête d'abord quelqu'un et les motifs viennent après » a-t-il expliqué. « D'abord, c'était pour l'assassinat des neufs casques bleus de l'Onu [Casques bleus du Bengladesh]. Après, on nous a dit que nous étions poursuivis pour atteinte à la sureté de l'Etat. Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont encore changé et là, ils ont mentionné le crime contre l'humanité. Donc je ne connais pas l'infraction que j'ai commise il y a bientôt six années et vingt jours », a-t-il expliqué aux trois juges.

Le témoin, qui affirme ne pas avoir comparu devant un juge depuis avril 2007, a expliqué avoir « été surpris par le ministre congolais de la Justice, qui est venu avant notre départ [à La Haye], pour nous traumatiser (...) Vous voyez, après tant d'années en prison, ils n'ont posé aucun geste. Et alors que nous devons aller dire la vérité, ils viennent nous intimider ».

Le 18 avril, alors que la chambre demandait à ce que la déposition se concentre les faits pour lesquels Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga sont poursuivis, l'ancien agent des services de renseignements congolais, Pierre Mbodina, a protesté. « Je comprends que vous n'êtes pas sensible à cette longue période de prison que j'ai vécu à Kinshasa, six ans et bientôt sept ans, dans des conditions d'irrégularité notoire", a-t-il lancé aux juges.

Il a ensuite expliqué qu'il avait longuement réfléchi avant d'accepter de témoigner devant la Cour. « C'était sous réserve de ma sécurité, de ma famille et aussi que je sois accompagné d'un avocat », mais, a-t-il ajouté, « les conditions de sécurité ne rassurent pas.»

Le président de la chambre, Bruno Cotte, a tenu à rassurer le témoin : « Les conditions dans lesquelles se déroule l'instruction judiciaire contre vous et contre d'autres personnes, depuis 2005, peuvent nous intéresser. Les conditions dans lesquelles vous êtes détenu en République démocratique du Congo peuvent également nous intéresser », mais, a précisé le juge, « nous ne sommes pas compétents pour apprécier la régularité de la procédure suivie en RDC et de la détention dont vous êtes l'objet. » Sans donner plus de détails, le juge a expliqué que la chambre était saisie d'une requête, « sur laquelle elle réunit des éléments d'information ».   

Le procès a été suspendu le 21 avril et reprendra le 2 mai, après les vacances judiciaires. Placé en isolement jusqu'à la fin de son témoignage, le 2 mai, Pierre Mbodina a demandé l'autorisation de téléphoner à sa famille. Le procès de Germain Katanga, co-accusé avec Mathieu Ngudjolo, a débuté le 24 novembre 2009.

SM/GF

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