10.05.11 - CPI/AL-BACHIR - DES ONG PROTESTENT SUITE A UNE VISITE D'OMAR AL-BACHIR A DJIBOUTI

La Haye, 10 mai 2011 (FH) - Plusieurs organisations non gouvernementales ont protesté après la visite d'Omar Al-Bachir à Djibouti, les 7 et 8 mai, où il était convié à la cérémonie d'investiture de son homologue, fraîchement réélu, Ismail Omar Guelleh. Le président soudanais fait l'objet de deux mandats d'arrêt pour génocide et crimes contre l'humanité, émis en 2009 et 2010 par la Cour pénale internationale (CPI). Djibouti a ratifié le traité de la Cour et à ce titre, est tenu de coopérer avec elle.

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Dans un communiqué conjoint, Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Amnesty International, la Ligue des droits de l'homme (LDH) et la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH) ont dénoncé la présence d'un représentant français, le ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, lors de la cérémonie.

La France était le seul état représenté ayant ratifié le traité de la CPI. Les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié le traité de la Cour mais ont voté en faveur de la résolution par laquelle le Conseil de sécurité des Nations unies avait saisi la CPI des crimes commis au Darfour, étaient représenté par Karl Wycoff, sous-secrétaire d'Etat adjoint aux affaires africaines.

Ainsi, selon Souhayr Belhassen, « la France, dont la présence et l'influence à Djibouti sont considérables, aurait dû appeler les autorités djiboutiennes à respecter leur engagement auprès de la CPI. Elle aurait dû s'opposer publiquement à la venue d'Omar El-Béchir et appeler les autorités de Djibouti à arrêter le président soudanais sur leur territoire ».   

Interrogé par le quotidien français Le Monde, le porte-parole du Quai d'Orsay a affirmé que « la présence de M. Bachir n'était pas connue à l'avance. Nous regrettons sa présence à Djibouti pour les cérémonies d'investiture. Si nous l'avions su, nous aurions entrepris, à titre national ainsi qu'avec nos partenaires, des démarches auprès des autorités djiboutiennes pour les dissuader d'une telle initiatives ».

Depuis l'émission des mandats d'arrêt, le président soudanais a dû soigneusement étudier chacun de ses déplacements. Géraldine Mattioli-Zeltner, de HRW, rappelle que « de nombreux activistes des droits humains originaires de tout le continent africain se sont systématiquement opposés aux tentatives de visite de Béchir dans leur pays. Ils ont appelé leurs gouvernements à soutenir le travail de la CPI et arrêter Béchir ou, à tout le moins, à l'empêcher d'entrer sur leurs territoires ».

A plusieurs reprises, dont la dernière fois, le 10 janvier dernier, alors qu'Omar Al-Bachir prévoyait de se rendre au Tchad, le procureur de la Cour avait alerté les juges au sujet des déplacements à venir du président soudanais. Le 1er décembre, alors que le chef de l'Etat envisageait un déplacement en Centrafrique, les juges avaient ainsi demandé à Bangui de coopérer et d'arrêter Omar Al-Bachir s'il se présentait dans le pays. La visite avait été annulée. Au cours de l'été, la chambre avait aussi informé le Conseil de sécurité des Nations unies de visites du président soudanais au Tchad et au Kenya.

Le Conseil de sécurité des Nations unies avait saisi la Cour des crimes commis au Darfour, le 31 mars 2005. Trois mandats d'arrêt contre des membres du régime, dont le chef de l'Etat, ont été délivrés pour les crimes commis dans cette région, en proie à une guerre civile depuis 2002. Trois citations à comparaître ont été délivrées contre des rebelles.

SM/GF

© Agence Hirondelle