18.05.11 - TPIR/MILITAIRES II - LE TPIR A RENDU « UN JUGEMENT IMPORTANT » DANS MILITAIRES II, SELON

Arusha, 18 mai 2011 (FH) - Le procureur auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Hassan Bubacar Jallow, a salué mercredi comme un événement « important » le jugement rendu, la veille, dans un procès joint de quatre responsables militaires.

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Les ex-chefs d'état-major de l'armée et de la gendarmerie, les généraux Augustin Bizimungu et Augustin Ndindiliyimana ont été jugés coupables de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, pour diverses exactions perpétrées par leurs hommes en 1994.

Bizimungu a été condamné à 30 ans de réclusion tandis que Ndindiliyimana a écopé d'une peine couvrant la durée de sa détention préventive. Il a été, en conséquence, immédiatement remis en liberté.

Quant au major François - Xavier Nzuwonemeye et au capitaine Innocent Sagahutu, ils se sont vus infliger, chacun, 20 ans d'emprisonnement.

« Je pense que ce jugement est important pour toutes les personnes en position d'autorité, spécialement pour les commandants militaires », a estimé Jallow, dans un entretien avec l'agence Hirondelle. « Il établit très clairement que les supérieurs seront tenus légalement responsables des actes de leurs subordonnés. Je pense que ce message doit sortir », a poursuivi le magistrat gambien.

« Les supérieurs sont censés empêcher leurs subordonnés de s'impliquer dans des activités illégales ou, s'ils n'ont pas pu les en empêcher, les punir par après. C'est un excellent message qui doit être disséminé dans le monde, en Afrique et au-delà », a-t-il ajouté.

Les quatre accusés ont cependant été acquittés du chef gravissime d'entente en vue de commettre le génocide.

En décembre 2008, l'ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora qui avait été présenté comme « le cerveau » du génocide, avait également été lavé de ce crime. Pour Jallow, tout n'est pas perdu car la chambre n'a pas rejeté la thèse de la planification.

« Les juges ont dit que ce qui s'est passé au Rwanda, en 1994, le génocide, ne pouvait pas se passer sans une forme de coordination, d'organisation et de planification », a remarqué le procureur.

Le jugement a été également salué à Kigali par le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga.

« La condamnation des officiers de l'armée est particulièrement importante», car sans la volonté de l'armée, « le génocide n'aurait pas eu lieu », a déclaré Ngoga à l'agence Hirondelle. « L'armée a dévié de son rôle, les commandants méritent d'êtres punis », a-t-il poursuivi.

Mais, pour lui, la remise en liberté de l'ex-chef d'état-major de la gendarmerie a surpris au Rwanda.

« C'est une de ces peines qui ne cadrent pas avec les sentiments et les attentes de beaucoup sur le terrain » a-t-il dit, se gardant de critiquer personnellement cette décision.

Janvier Forongo, secrétaire général d'Ibuka, la principale organisation de survivants du génocide, a, pour sa part, exhorté Jallow à faire appel, estimant que les peines étaient trop clémentes pour « ces planificateurs » du génocide.

ER/GF

© Agence Hirondelle