31.05.11 - RWANDA/GENOCIDE - « LE RWANDA NE CONTRAINT PERSONNE À EXHUMER LES SIENS» (MINISTRE)

Kigali, 31 mai 2011 (FH) -  Protais Mitali, le ministre Rwandais de la Jeunesse, des sports et de la culture, a démenti mardi que le Rwanda contraigne des rescapés du génocide à exhumer les corps de membres de leurs familles pour les transférer dans des lieux de mémoire officiels.

2 min 17Temps de lecture approximatif

Depuis avril dernier, les restes des corps de Tutsis jetés dans des fosses communes ou enterrés à la hâte pendant le génocide de 1994 sont regroupés pour être inhumés aux mémoriaux du génocide à travers le pays. Comme chaque année, au cours de la période d'avril juillet, Ibuka, la principale organisation de rescapés, honore ainsi la mémoire des victimes.

Or, samedi dernier, sur les ondes de la BBC, Jonathan Musonera, un ancien membre du Front Patriotique Rwandais (FPR), aujourd'hui opposant vivant en exil en Grande Bretagne, a accusé le gouvernement rwandais d'avoir forcé des membres de sa famille à exhumer les leurs pour les transférer au mémorial de Nyanza, dans le sud du Rwanda.

Cette allégation a été démentie sur les ondes de Radio Rwanda par un membre de sa famille vivant au Rwanda.

Interrogé, le ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture, Protais Mitali, dont le département coordonne les activités de perpétuation de la mémoire du génocide, a nié que le gouvernement ait jamais fait pression sur qui que ce soit.

« Le Rwanda n'a jamais contraint personne, ni la famille Musonera, à exhumer les corps des membres de sa famille afin de les inhumer en toute dignité dans un site mémorial du génocide ; il y a plutôt sensibilisation et ce n'est que lorsque la famille consent que le transfert peut avoir lieu », a déclaré le ministre à l'agence Hirondelle.

« La politique nationale est que toutes les victimes  du génocide doivent reposer dans des endroits identifiés et appropriés. Ceci permet de conserver l'histoire du génocide, de garantir la sécurité des corps contre certaines profanations », a poursuivi M. Mitali, assurant cependant qu'aucune famille n'est bousculée.

Selon Ibuka, certains responsables administratifs locaux avaient, par le passé, tenté de déplacer les corps sans le consentement des familles concernées. « Suite à nos récriminations officielles, cela s'est arrêté; aujourd'hui, rien ne peut être entrepris dans ce sens sans que la famille concernée soit convaincue du bien-fondé », assure Naphtal Ahishakiye, chef du département de la mémoire au sein de cette association.

C'est ainsi, selon lui, que près de 400 corps ont pu être exhumés des tombes familiales le week end dans la région de Musha, à l'est de Kigali, pour être inhumés au mémorial de la région. Au même endroit, ont été enterrés le même jour, les restes d'environ 5.000 personnes qui avaient été jetées dans des fosses dans une concession minière de Musha. Ces victimes avaient cherché refuge à l'église paroissiale du même nom en avril 1994.

SRE/ER/GF

 © Agence Hirondelle