23.06.11 - TPIR/NGIRABATWARE - NGIRABATWARE TOUJOURS SUR SA LIGNE DE DEFENSE D'ALIBI

Arusha, 23 juin 2011 (FH) -  Un ancien responsable administratif local cité devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a appuyé jeudi l'alibi de l'ex-ministre du Plan, Augustin Ngirabatware, selon lequel l'accusé n'a pas mis les pieds dans sa commune natale pendant le génocide de 1994.

1 min 58Temps de lecture approximatif

Cette déposition corrobore d'autres témoignages à décharge entendus par la chambre.

Désigné par le nom de code DWAN-71, le témoin dirigeait un secteur administratif de la commune Nyamyumba (préfecture de Gisenyi, nord-ouest).

 Le procureur allègue que l'ancien dirigeant a conspiré avec les leaders de Nyamyumba pour  exterminer les Tutsis et faire violer leurs filles et leurs femmes.

« Vous ne pouvez collaborer qu'avec quelqu'un se trouvant près de vous. Je dis avec insistance que je n'ai pas vu Ngirabatware en 1994. Cette conspiration dont vous parlez n'a jamais existé», a déclaré le témoin qui déposait en langue rwandaise.

« Vous ne pouvez pas participer à une entreprise criminelle commune avec quelqu'un que vous n'avez même pas vu », a martelé DWN-71 niant, par ailleurs, que des viols aient été commis pendant le génocide dans son secteur administratif.

Il a enfin réfuté les allégations selon lesquelles, lui et l'ex-ministre auraient distribué des armes dans le secteur, dans le cadre d'une entente en vue de commettre le génocide des Tutsis.

La grande partie de ce témoignage s'est déroulée à huis clos, ce qui est devenu une habitude depuis la reprise de la défense le 13 juin. Le procès se poursuivra lundi prochain.

Poursuivi pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, l'ex-ministre est notamment accusé d'avoir, en 1994, incité les Hutus de Nyamyumba à exterminer les Tutsis.

Le procès a débuté le 22 septembre 2009 et le procureur a bouclé son accusation le 31 août 2010 après avoir cité une vingtaine de témoins.

Docteur en économie de l'Université de Fribourg, en Suisse, Ngirabatware  fut, dans son pays, enseignant à l'Université Nationale du Rwanda (1986-1994), puis ministre du Plan (1990-1994).

Durant son exil à partir de juillet 1994, il a travaillé dans différents instituts de recherche au Gabon et en France.

Arrêté en Allemagne le 17 septembre 2007, il se trouve entre les mains du TPIR depuis le 08 octobre 2008.

L'ex-dignitaire est gendre de Félicien Kabuga, le fugitif le plus recherché par le TPIR. Pour préserver les preuves contre ce riche homme d'affaires qui est présenté comme le principal argentier du génocide des Tutsis, le tribunal procède depuis le 23 mai au recueil des dépositions spéciales, une procédure sans précédent dans l'histoire de la juridiction.

FK/ER/GF

© Agence Hirondelle