06.07.11 - CPI/KENYA - LE KENYA A COMMENCE SA CONTRE-ENQUETE

La Haye, 6 juillet 2011 (FH) - Le Kenya a transmis aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) un premier rapport d'enquête sur les violences qui avaient suivi l'élection présidentielle de décembre 2007 et qui s'étaient soldées par la mort de plus de 1200 personnes.

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Depuis l'émission de citations à comparaître à l'encontre de six suspects, le 8 mars 2011, Nairobi tente de reprendre l'affaire des mains de la CPI. Le Kenya avait déposé une requête en ce sens, arguant notamment qu'avec l'adoption de la nouvelle constitution en août 2010, Nairobi avait désormais les moyens de mener les procès devant ses propres juridictions. La CPI est complémentaire des juridictions nationales et n'intervient que lorsqu'un Etat n'a pas la possibilité ou la volonté de poursuivre.

Fin mai, la chambre avait rejeté la requête du Kenya, estimant notamment qu'aucun acte concret n'avait été posé par Nairobi démontrant qu'une enquête était en cours. Le gouvernement kényan, représenté par maîtres Geoffrey Nice et Rodney Dixon, a fait appel de cette décision et pour prouver sa bonne foi, a donc transmis un premier rapport d'enquête à la Cour, début juillet.

Pour l'instant, les investigations conduites par le Kenya ressemblent plutôt à une contre-enquête sur les charges portées par le procureur contre six responsables kényans. Or le Kenya avait annoncé son intention de conduire des investigations plus larges, s'étendant à tous les responsables des crimes commis suite aux élections de décembre 2007.

Signé du directeur des affaires criminelles, Francis Ndegwa Muhoro, le rapport stipule que 35 témoins ont été entendus. « A ce jour, aucune preuve n'a été reçue de ces témoins, montrant des liens entre les suspects et des crimes, quelqu' ils soient".

Concernant spécifiquement William Ruto, l'un des six suspects, les enquêteurs ont retrouvé les dépositions de cinq témoins, enregistrées par la police en 2008. Ces cinq témoins aurait « été à des réunions, en présence de M. Ruto, au cours desquelles l'armement de personnes pour commettre des violences était discutée et planifiée ». Mais les policiers n'ont pas été en mesure de retrouver les cinq témoins. « On ignore si ces personnes sont témoins de la CPI et ont été déplacées », par mesure de protection, écrit le directeur des affaires criminelles.

Les dix policiers, chargés d'enquêter, ont aussi commencé l'audition des six suspects désignés par la CPI, consulté les registres des commissariats de police de la Vallée du Rift, région où a débuté l'enquête, considérée comme l'épicentre des violences. Les policiers ont également passé en revue les articles de presse publiés à l'époque, mais « les enquêtes, à ce jour, n'ont pas montré que l'un des six suspects a fait des déclarations qui pourraient le lier aux crimes allégués par le procureur ».

Au terme de ce premier rapport, Francis Ndegwa Muhoto demande la coopération du procureur de la CPI et rappelle que son équipe enquête aussi sur les allégations concernant les intimidations de témoins.

Le procureur de la CPI a initié deux affaires visant des responsables kenyans. L'une rassemble trois membres ou proches du Mouvement démocratique orange, William Ruto, ministre de l'Education supérieure, William Kosgey et Joshua Sang, un journaliste. La seconde affaire concerne Uhuru Kenyatta, vice-premier ministre et ministre des Finances, Francis Mathaura, directeur de Cabinet de la présidence et Hussein Ali, ancien chef de la police.

Les audiences de confirmation des charges doivent débuter les 1er et 21 septembre. Les six hommes comparaissent librement.

SM/GF

© Agence Hirondelle