La participation d'une délégation d'élus de Nouvelle-Calédonie à un "Congrès des Colonies françaises" à Bakou, en Azerbaïdjan, suscite un tollé chez les partis non indépendantistes de cet archipel français du Pacifique sud secoué par des violences depuis la mi-mai.
Les principaux mouvements indépendantistes de l'archipel, le FLNKS et surtout l'Union calédonienne, entretiennent depuis plusieurs années des relations avec l'Azerbaïdjan.
Elles se sont concrétisées le 18 avril par la signature d'un mémorandum de coopération entre l'Assemblée nationale azérie et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie (parlement local de l'archipel français).
La délégation présente à Bakou est composée d'un membre du parti indépendantiste Union Calédonienne, ainsi que d'élues du Congrès proches de la mouvance indépendantiste.
Nicolas Metzdorf, un député national français, élu en Nouvelle-Calédonie sous les couleurs du parti du président Emmanuel Macron, a saisi une procureure à Paris en dénonçant des faits supposés de "trahison".
Selon M. Metzdorf, ces élus entretiennent des rapports "avec une puissance étrangère" visant à "porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation française".
Avec deux autres partis, il dénonce dans un communiqué l'alliance du FLNKS avec le pays d'Asie centrale et lui reproche de mépriser "l'avis des Calédoniens qui sont farouchement opposés à ce que nous nous alliions avec des dictatures sanglantes".
Séparément, le parti non indépendantiste Calédonie Ensemble critique également la participation de la délégation au congrès de Bakou.
Il estime, en citant l'ancien procureur général de la Cour pénale internationale, que l'Azerbaïdjan mène actuellement un "véritable génocide" dans le Haut-Karabakh.
Le congrès de deux jours est organisé avec le soutien du Baku Initiative Group (BIG), une organisation promue par l'Etat azerbaïdjanais.
Selon son programme consulté par l'AFP, cette réunion compte des représentants d'une quinzaine de partis et mouvements venus de Corse, de Mélanésie, de Polynésie, des Caraïbes et des Antilles.
Le congrès, toujours d'après ce programme, vise à "vaincre le colonialisme français en créant une plateforme unifiée" pour faciliter les échanges entre leurs membres "dans leur lutte pour l'indépendance".
Bakou reproche à la France d'être une alliée majeure de l'Arménie qui a soutenu pendant trois décennies des séparatistes dans la région disputée du Haut-Karabakh, finalement reconquise entièrement par l'armée azerbaïdjanaise en septembre 2023.
Paris, pour sa part, a accusé Bakou de chercher à s'ingérer dans sa politique intérieure, en particulier lors de la crise en Nouvelle-Calédonie, secouée depuis mai par un mouvement de révolte meurtrier.