31.08.11 - CPI/KENYA - LES AUDIENCES DE CONFIRMATION DES CHARGES COMMENCENT LE 1ER SEPTEMBRE

La Haye, 31 août 2011 (FH) – Les audiences de confirmation des charges dans l’affaire Ruto débuteront le 1er septembre devant la Cour pénale internationale (CPI). Ces audiences, qui se dérouleront jusqu’au 12 septembre, visent à confirmer, ou non, les charges retenues par le procureur contre les trois suspects. Les anciens ministres, William Ruto et Henry Kosgey, ainsi que le journaliste Joshua Sang, sont suspectés de crimes contre l’humanité pour meurtres, persécutions et transferts forcés de population, commis au Kenya entre le 30 décembre 2007 et fin janvier 2008.

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Suite à l’élection présidentielle du 27
décembre
2007, des affrontements avaient opposé le Parti national unifié (PNU) de
Mwai
Kibaki, vainqueur de la présidentielle, aux partisans du principal parti
d’opposition, le Mouvement démocratique orange (ODM), dont le candidat
était
l’actuel premier ministre, Raila Odinga. Des violences ethniques avaient
éclaté,
au cours desquelles les Kikuyus, partisans supposés du PNU, puis les
Kalenjins,
proches d’ODM, avaient été ciblés.    

Un accord de partage du pouvoir, parrainé
par
l’ancien Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avait été
signé le 28
février 2008. L’accord et la formation d’un gouvernement d’union avaient
permis
de mettre fin aux violences. Selon la commission d’enquête Waki, le
bilan des
troubles était cependant de plus de 1200 morts, 3500 blessés et 350 000
déplacés.

Pour le procureur, William Ruto, Henry
Kosgey et
Joshua Sang avaient mis en place un plan commun, « consistant à punir
les
partisans du PNU dans l’éventualité où les élections présidentielles de
2007
seraient truquées. » Ce plan « prévoyait leur expulsion de la vallée du
Rift,
dans l’objectif final de créer un bloc d’électeurs uniforme favorable au
Mouvement démocratique orange ». Selon l’accusation, William Ruto était
le chef
du réseau, Henry Kosgey le chef adjoint et trésorier, et Joshua Sang, le
responsable de la communication.

Suspendu durant l’automne 2010 pour son
implication
dans une affaire de corruption, charges pour lesquelles il a été
acquitté en
avril 2011, William Ruto n’a pas survécu au remaniement ministériel du
24 août.
Candidat non déclaré à l’élection présidentielle de 2012, M. Ruto risque
de voir
sa course aux plus hautes fonctions de l’Etat sévèrement entravée par
les
poursuites engagées contre lui.

Président du Mouvement démocratique
orange, son
co-accusé, Henry Kosgey, avait démissionné de son poste de ministre de
l’Industrie après avoir été mis en cause dans une affaire de corruption,
début
janvier 2011. Le troisième accusé, Joshua Sang, est l’un des
responsables de la
radio Kass FM, dans la vallée du Rift, et aurait, au moment des
événements,
diffusé des messages de haines.  

Le procureur, Luis Moreno Ocampo, avait
ouvert une
enquête de sa propre initiative, bénéficiant du soutien affiché des
Etats-Unis,
de l’Union européenne, des Nations unies, ainsi que de certains Etats de
la
région, dont l’Ouganda et la Tanzanie, qui craignent une reprise des
violences à
l’approche des échéances électorales de 2012.

La décision des juges ne sera pas rendue
avant
plusieurs semaines, mais s’ils devaient décider de confirmer les charges
portées
contre les suspects, les trois hommes pourraient alors être incarcérés.
Pour
l’instant, ils ne font pas l’objet de mandats d’arrêt et comparaissent
donc
librement devant les juges. Des audiences de confirmation des charges
visant les
trois autres suspects de crimes commis au Kenya, Uhuru Kenyatta, Francis
Muthaura et le général Ali Hussein, sont prévues pour le 21 septembre.

SM/GF