La Cour pénale internationale (CPI) a reporté jeudi une audience-clé dans l'affaire visant le fondateur de la sanglante rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, en cavale depuis près de 20 ans.
M. Kony est accusé de 36 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, parmi lesquels le meurtre, les traitements cruels, la réduction en esclavage, le viol et les attaques dirigées contre la population civile en 2003 et 2004 dans le nord de l'Ouganda.
L'audience de confirmation des charges, prévue le 15 octobre par contumace si M. Kony, 63 ans, ne comparaît pas d'ici-là "a été reportée (...) jusqu'à nouvel ordre", a indiqué la juridiction dans un communiqué.
Les juges ont pris en compte, entre autres, "le fait que le conseil de M. Kony ait été désigné en juin 2024, la portée des allégations du Procureur, ainsi que les questions en suspens qui restent à déterminer".
Joseph Kony, ex-enfant de choeur, a fondé la LRA dans les années 1980 dans le but d'établir un régime fondé sur les Dix Commandements.
Cette guérilla, qui pendant trente ans a terrorisé de larges zones d'Afrique centrale, est accusée d'être responsable de la mort de plus de 100.000 personnes et de l'enlèvement de 60.000 enfants, garçonnets transformés en soldats et fillettes en esclaves sexuelles.
Le but de l'audience de confirmation des charges est de déterminer s'il y a des motifs substantiels de croire que le suspect a commis chacun des crimes reprochés.
C'est la première fois qu'une telle audience était prévue par contumace devant la CPI. Mais même si les charges sont un jour confirmées, l'affaire ne pourra passer en procès que si l'accusé est présent devant la Chambre de première instance.
En août, l'avocat de M. Kony, Peter Haynes, a demandé aux juges de "suspendre la procédure jusqu'à ce que M. Kony comparaisse devant la cour". Il avait affirmé que la tenue de l'audience risquait de faire perdre "du temps et de l'argent".
On ne sait pas si M. Kony est encore "en vie", avait également argué l'avocat, estimant que même s'il réapparaissait, il devrait être jugé par un tribunal local.
Traqué depuis de nombreuses années, Joseph Kony demeure introuvable.
Il n'est qu'exceptionnellement apparu en public. En 2006, il assurait à un journaliste occidental, un des rares étrangers à l'avoir rencontré, qu'il n'était "pas un terroriste" et combattait "pour la démocratie".