Le corps de la militante américano-turque Aysenur Ezgi Eygi, tuée lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée, a été accueilli vendredi avec les honneurs en Turquie, où une seconde autopsie a été pratiquée, avant son transfert vers le berceau familial de Didim (sud-ouest) où il sera inhumé samedi.
La dépouille de la jeune femme, convoyée depuis Tel Aviv via Bakou, a été saluée sur l'aéroport d'Istanbul par une garde d'honneur de l'armée, réservée aux martyrs, et par plusieurs représentants officiels et du parti AKP au pouvoir.
Elle a ensuite été acheminée à Izmir (ouest), la troisième ville du pays, où une nouvelle autopsie a été pratiquée avant de rejoindre la petite station balnéaire de Didim, sur la côte égéenne, où l'attendait sa famille. "La seule chose que je demande à l'Etat, c'est de réclamer la justice pour ma fille. Que le sang de ma fille soit vengé. Que les responsables soient punis car elle a été délibérément visée", a accusé la mère de la militante, Rabia Birden, citée par l'agence Anadolu.
"Nous irons jusqu'au bout. Je ne veux pas que d'autres Ayse meurent, que d'autres familles souffrent", a-t-elle ajouté.
Les résultats de ce nouvel examen, après celui pratiqué par trois médecins palestiniens qui ont incirminé un tir direct des forces israéliennes, "constitueront une preuve que nous utiliserons", a indiqué le ministre de la Justice Yilmaz Tunç.
La Turquie, soutien traditionnel de la cause palestinienne, a ouvert une enquête confiée au procureur d'Ankara et envisage de lancer des mandats d'arrêt internationaux.
Le père d'Aysenur Ezgi Eygi, Mehmet Suat Eygi, 60 ans, arrivé comme sa mère des Etats-Unis où tous deux résident, a salué l'attitude des autorités turques face à "cet assassinat arbitraire".
"J'attends la même chose du gouvernement américain, car Aysenur n'avait que 10 mois lorsqu'elle est arrivée aux Etats-Unis", a-t-il fait valoir.
-"la cause de toute la Turquie" -
"La cause palestinienne est la cause de toute la Turquie. L'État d'Israël sera tenu pour responsable devant l'histoire", a promis devant le cercueil à Izmir le président du CHP, premier parti de l'opposition turque, Özgür Özel.
La jeune femme a été touchée par un tir à la tête alors qu'elle participait à une manifestation le 6 septembre dans le nord de la Cisjordanie occupée. L'armée israélienne a estimé mardi "très probable" que des tirs provenant de ses hommes l'aient tuée "indirectement et involontairement".
Outre les parents de la victime, son compagnon est également présent à Didim où résident toujours son grand-père et au moins un oncle.
La rue qui abrite la maison de la famille a été tendue de drapeaux turcs et préventivement barrée depuis jeudi par la police. Une tente a été dressée pour recevoir les condoléances et, au cimetière, la tombe a été creusée.
Les obsèques de la jeune femme seront célébrées samedi en début d'après-midi, après la prière de la mi-journée.
Une assistance nombreuse est attendue, dont des représentants "de haut niveau" du gouvernement a assuré le porte-parole de l'AKP, Ömer Çelik, et des membres de la principale ONG islamique turque IHH.
Cette dernière a organisé vendredi une prière funéraire à Istanbul, devant la grande mosquée du quartier conservateur de Fatih.
La Turquie a dénoncé avec force la mort de sa ressortissante: son président, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que son pays ferait tout "pour que la mort de notre fille, Aysenur Ezgi, ne reste pas impunie".
Le ministre de la Justice a appelé le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires et arbitraires à créer une commission d'enquête indépendante et à rédiger un rapport à ce sujet.
De son côté, le procureur d'Ankara adressera son rapport au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, "afin de l'inclure dans la procédure pour génocide contre Israël en cours devant la Cour internationale de justice et dans l'enquête en cours devant la Cour pénale internationale", a insisté M. Tunç.
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