Médecin urgentiste depuis novembre 2001 au Centre hospitalier Saint-Cyr de Villeneuve-sur-Lot, près de Bordeaux, Sosthène Munyemana s'estime victime d'une « campagne de calomnies » et d'un « véritable harcèlement de la part de certaines associations ».
Celles-ci avaient manifesté, le 30 janvier 2010, à l'appel d'un « Collectif girondin pour le Rwanda », devant son lieu de travail avec des pancartes aux slogans accusatoires : « Pas d'asile pour les génocidaires » ; « Pas d'impunité pour les génocidaires », indique le mémoire déposé par les défenseurs du Rwandais.
Cité plusieurs fois dans la presse locale à l'occasion de cet événement, Pascal Bianchini, enseignant chercheur et africaniste à Bordeaux, était au nombre des manifestants. « Si l'on suit la présomption d'innocence tel [que M. Munyemana] la conçoit, nous on ne doit rien dire, les rescapés en France n'ont aucun droit à la parole, » a-t-il déclaré mardi à l'agence Hirondelle.
Le Collectif girondin avait déposé une plainte en France contre Munyemana le 18 octobre 1995, à laquelle se sont joints par la suite la FIDH, l'association Survie et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).
Au Rwanda, Sosthène Munyemana a été condamné pour génocide par un tribunal gacaca.
En France, 16 ans après la plainte déposée contre lui, il comparaît comme témoin assisté dans l'information judiciaire ouverte à Paris, pour laquelle il n'a pas été mis en examen, rappelle son avocate Me Florence Bourg.
Le dégel des relations diplomatiques survenu entre la France et le Rwanda depuis fin 2009 semble toutefois devoir faire avancer son dossier devant les juges chargés de l'instruire. Sosthène Munyemana lui-même indiquait en janvier 2010 à l'agence Hirondelle qu'il ne serait « pas satisfait s'il n'y avait pas de procès en bonne et due forme ».
FP/GF
© Agence Hirondelle