29.09.11 - CPI/KENYA II - UHURU KENYATTA NIE TOUT LIEN AVEC LES MUNGIKI

La Haye, 29 septembre 2011 (FH) -  Le vice-premier ministre kényan, Uhuru Kenyatta, a témoigné jeudi devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI), affirmant qu'il n'avait aucune relations avec l'organisation criminelle des Mungiki.

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Kenyatta comparaissait pour sa défense devant la CPI pour une huitième journée d'audience de confirmation des charges. Il est suspecté, au coté du directeur de Cabinet de la présidence, Francis Muthaura et de l'ex chef de la police, Hussein Ali, de crimes contre l'humanité commis au Kenya suite à l'élection présidentielle de décembre 2007.

Au cours de trois heures d'interrogatoire, Uhuru Kenyatta a nié tout lien avec les Mungiki, ce gang criminel politico-religieux ethniquement composé de Kikuyu, qui avait conduit des représailles suite aux attaques lancées par les supporters du Mouvement démocratique orange (ODM) contre les partisans du Parti national unifié du président Mwai Kibaki, vainqueur du scrutin de 2007.

Contrairement à ce qu'affirme l'accusation, le suspect a affirmé n'avoir jamais rencontré de membres des Mungiki au centre Yaya de Nairobi, en novembre 2007 : « Le Centre Yaya n'est vraiment pas un lieu de réunion (...) Mais je suis déjà allé là-bas avec ma femme et mes enfants, c'est un endroit pour le shopping », a-t-il expliqué.

Le 30 décembre 2007, il était en revanche bien présent à la résidence présidentielle pour la cérémonie d'investiture du président réélu, M. Kibaki. Ce jour là, il aurait, selon l'accusation, distribué 30 millions de shillings kényans [220 000 euros] aux Mungiki. Allégations « ridicules », selon le suspect, qui explique que la résidence présidentielle ne se prêtait pas à une telle transaction, pour laquelle il aurait en outre fallu transporter plusieurs valises.   

Uhuru Kenyatta a ensuite affirmé ne pas disposer d'une telle somme. Incisif, le procureur lui a demandé de « décrire à la Cour la totalité de votre patrimoine ». Visiblement mal à l'aise, le suspect a d'abord hésité. « J'ai des biens, mais je n'ai pas cela en liquide, pas ce type de montant madame la présidente », a-t-il finalement concédé.

Puisque le témoin nie tout lien avec les Mungiki, Luis Moreno Ocampo l'a invité à donner le nom des responsables politiques qui en avaient en 2007. Selon les preuves recueillies par l'accusation, dont la qualité est contestée par la défense, Uhuru Kenyatta serait en effet le seul responsable politique à avoir eu des contacts avec eux. « Je n'ai pas financé les activités des Mungiki, je ne suis pas au courant d'une quelconque association liant les Mungiki au PNU » s'est-il borné à répéter.

Interrogé sur la responsabilité de l'actuel Premier ministre, Raila Odinga, le suspect a estimé que « politiquement, oui, je dirai qu'il était impliqué. Pénalement, je n'ai aucune preuve », mais « il était le chef. Il était celui qui pouvait donner la direction ». Pour Uhuru Kenyatta, les résultats de l'élection auraient dû être contestés devant la justice et non dans la rue.

Les audiences doivent se poursuivre jusqu'au 5 octobre.

SM/GF

© Agence Hirondelle