03.10.11 - CPI/KENYA II - « LA POLICE N'A PAS COOPERE AVEC LES MUNGIKI », SELON LA DEFENSE

La Haye, 3 octobre 2011 (FH) - La défense du général Hussein Ali, chef de la police lors des violences qui avaient secoué le Kenya suite à l'élection présidentielle de décembre 2007, a estimé que la thèse du procureur, selon laquelle les forces de l'ordre auraient participé à un complot avec le gang criminel des Mungiki, était une « absurdité absolue ».

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Selon maître Gershom Otachi, aucun officier de police n'a reçu l'ordre « de coopérer ou d'être indulgent avec les Mungiki », comme le soutient le procureur. Pour l'avocat kenyan, qui a rappelé que le gang des Mungiki était une secte, « ce n'est pas un groupe avec lequel la police voudrait être associée ».

L'avocat a par ailleurs estimé impossible que la police ait participé à des attaques ethniques, alors qu'elle comprend des agents issus des toutes les ethnies du pays - plus d'une quarantaine. S'adressant aux trois juges, il a ensuite détaillé la représentation ethnique des policiers dans les postes de police de Nakuru et Naivasha. Une police multiethnique au sein de laquelle aucun ordre ciblant une ethnie en particulier n'aurait pu transiter, selon lui.

Pour compléter sa démonstration, l'avocat kényan a rappelé que ces policiers avaient des familles dans les quartiers où ils intervenaient et qu'il était dès lors « inimaginable qu'ils aient pu suivre des ordres qui

auraient placé leur propre famille en danger ».

Pour maître Otachi, aucun plan n'était à l'oeuvre. La police devait faire face à « un scénario où les locaux étaient juste devenus fous ». Reprochant au procureur d'avoir dépeint une police anti-Kikuyus et anti PNU, le parti du président Mwai Kibaki, maître Otachi a, lui, évoqué une police débordée par les événements et menacée par les attaquants. « La plupart du temps, il était difficile d'identifier les auteurs » des violences, a-t-il affirmé, s'appuyant sur les déclarations d'une centaine de policiers rencontrés, dit-il, au cours de son enquête.

Ils travaillaient « sans sommeil, jour et nuit », et « souvent, ils étaient moqués, ils étaient blessés et quelques-uns ont été tués, dans le cadre de leur mission ». L'avocat a encore affirmé qu'ils avaient « sauvé des milliers de vies dans le pays » et que sans eux, « le Kenya serait aujourd'hui un immense cimetière".

Le général Ali pourra s'adresser en personne à la chambre mercredi, jour des conclusions finales de cette procédure de confirmation des charges.

Ces audiences visent également Uhuru Kenyatta, vice-premier ministre du Kenya et Francis Muthaura, chef de Cabinet de la présidence.

SM/ER/GF

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