06.10.11 - CPI/KATANGA - GERMAIN KATANGA AFFIRME QU'IL N'ETAIT PAS A BOGORO LE JOUR DU MASSACRE

La Haye, 6 octobre 2011 (FH) - Appelé à la barre de la Cour pénale internationale (CPI), Germain Katanga a affirmé qu'il n'était pas présent à Bogoro le jour de l'attaque du 24 février 2003. Selon l'accusation, plus de 200 personnes ont été tuées au cours de cette attaque, pour laquelle Germain Katanga doit répondre de crimes contre l'humanité.

2 min 7Temps de lecture approximatif

Interrogé par son avocat, maître David Hooper, l'accusé a affirmé que le 24 février 2003, il était resté à Aveba, à quelques kilomètres du site de l'attaque. « Il fallait surveiller les munitions et je devais aussi protéger ma population » a-t-il expliqué. Commandant dans la Force patriotique de résistance en Ituri (FPRI), Germain Katanga a raconté avoir reçu un plan sur un papier. « Le squelette, le programme de l'attaque de Bogoro, était sur ce papier », a-t-il expliqué.

Ce jour là, à Aveba, l'accusé entend des détonations. « J'ai pris ma moto et je suis allé au centre de santé » raconte-t-il. Il y apprend alors que « Bogoro a déjà été attaqué, depuis l'aurore ». Selon M.  Katanga, l'attaque aurait été conduite par Garimbaya, un milicien, appuyé par plus de cinquante hommes.   

Pour l'accusation, Germain Katanga était l'un des commandants de la Force de résistance patriotique en Ituri, l'une des nombreuses milices agissant dans l'est de la République démocratique du Congo. Mais la structure était informelle, affirme-t-il. « Avant, on nous appelait les cultivateurs, après c'était l'auto-défense, après les combattants, alors nous avons récupéré un nom, qui était les FRPI. Vous ne pouvez pas dire je viens des champs, et je deviens militaire, non ! » En était-il l'un des chefs ? « Il n'y avait pas de structures possibles, pas de secrétaire général, pas de président, ça n'existait pas », affirme-t-il.

Interrogé sur les civils tués au cours de l'attaque, Germain Katanga a simplement estimé qu'ils n'ont pas été ciblés volontairement. Quant aux viols, il estime qu'il s'agit d'un tabou. « Je ne sais pas si nos populations, au village, peuvent comprendre ce mot. » L'accusé hésite, s'excuse, puis poursuit :  « Chez nous, si vous couchez avec une fille par bonne entente, sans faire de cérémonie traditionnelle, c'est un tabou. Vous n'allez pas draguer une fille et coucher avec elle comme ça. Si une relation sexuelle par entente est un tabou, alors comment allez-vous violer ? »

Selon le procureur, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo auraient participé ensemble à l'attaque. Commandant dans le Front des Nationalistes et Intégrationnistes (FNI), et infirmier de profession, Mathieu Ngudjolo affirme que le 24 février 2003, il procédait à un accouchement. Il devrait déposer devant la Cour à la suite de Germain Katanga.   

Le procès des deux miliciens congolais a commencé le 24 novembre 2009.

SM/GF

© Agence Hirondelle