10.10.11 - RWANDA/GACACA - PROCES INEDIT D'UN CITOYEN BURUNDAIS ACCUSE DE GENOCIDE

Kigali, 10 octobre 2011 (FH)- Un tribunal gacaca de Kigali a ouvert le procès par contumace d'un homme d'affaires burundais accusé d'avoir joué un rôle dans le génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda.

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Chose inédite dans l'histoire de ces juridictions traditionnelles, l'accusé qui réside actuellement à Bujumbura, dans son pays, était représenté par un avocat.

L'homme d'affaires, Japhet Bizimana alias Kimararungu, est accusé de pillage et destruction de biens, distribution d'armes à feu et meurtres de plusieurs Tutsis tués à Remera, un quartier de la capitale rwandaise, où il vivant en tant que réfugié en 1994.

D'entrée de jeu, Me Jean Claude Twayigize, du barreau de Kigali, a affirmé que son client avait été  déjà acquitté pour ces deux derniers chefs d'accusation (distribution d'armes et meurtres). Des survivants ont cependant affirmé n'être pas au courant d'un procès qui l'aurait acquitté, allant jusqu'à dire que les documents prouvant l'acquittement étaient des faux.

Ils ont également protesté contre l'intervention de l'avocat et fustigé l'absence de l'accusé lui-même. « Nous ne pouvons pas accepter à moins d'être nous-mêmes représentés par un avocat», a réagi l'un d'entre eux, s'adressant aux membres du jury.

Dans une lettre adressée, début de septembre, aux présidents rwandais et burundais, avec copie au Service national des juridictions gacaca (SNJG), Japhet Bizimana avait fait un recours en révision contre un jugement par contumace rendu en janvier, qui le condamnait à payer de lourdes sommes d'argent pour des biens pillés. Dans sa lettre aux deux chefs d'Etat, l'homme d'affaires demandait également à pouvoir bénéficier des services d'un avocat.

En réponse à  cette requête, le SNJG, dans sa lettre du 16 septembre, avait désigné une juridiction gacaca de Kigali pour connaître de l'affaire et autorisé l'assistance d'un défenseur professionnel.

« Etes-vous de la famille de l'accusé ? Etiez-vous avec lui au moment des faits qui lui sont reprochés ? »', a demande un juge à Me Twayigize, qui a répondu par la négative.

Face à cette situation inédite, les membres du jury ont préféré reporter l'affaire sine die. « Nous nous sommes retrouvés devant un casse-tête. Les victimes ont raison de boycotter le procès, car nous-mêmes c'est la première fois que nous nous trouvons confrontés un avocat en lieu et place d'un accusé de génocide », a confié à l'agence Hirondelle un juge qui a requis l'anonymat.

SRE/ER/GF

© Agence Hirondelle