12.10.11 - RWANDA/TCHAD - LE RWANDA A LA CAPACITE DE JUGER HISSENE HABRE, ASSURE PAUL KAGAME

Arusha, 12 octobre 2011 (FH) - Le président rwandais Paul Kagame a assuré lors d'une conférence de presse mardi à Kigali que son pays avait la capacité d'organiser un procès équitable pour l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré. Réfugié au Sénégal depuis sa chute en 1990, Habré est poursuivi pour crimes contre l'humanité commis dans son pays lorsqu'il était au pouvoir. Le chef de l'Etat rwandais confirmait une récente déclaration de son ministre de la Justice, Tharcisse Karugarama, sur les ondes de RFI.

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« La capacité de juger des affaires, ce n'est pas ce que les juges (du Rwanda) iront emprunter », a déclaré Paul Kagame, rejetant les critiques de certaines organisations non gouvernementales qui soutiennent que son pays n'est pas bien indiqué pour cela.

Il a brandi « la capacité acquise par les organes judiciaires au Rwanda ». « Le fait qu'il a été demandé au Rwanda (de juger Habré) démontre qu'il y en a qui trouvent qu'au Rwanda cette capacité existe ».

Kigali « a jugé les auteurs du génocide, comme l'a fait le TPIR » (Tribunal pénal international pour le Rwanda) basé à Arusha, en Tanzanie. « Les procès ont été bien conduits », a affirmé le chef de l'Etat qui s'exprimait en langue rwandaise.

Il s'agit de la troisième tentative, après le Sénégal et le Tchad, d'organiser le procès Habré dans un pays africain.

Mandaté par l'Union Africaine, en juillet 2006, pour juger l'ancien chef d'Etat « au nom de l'Afrique », Dakar a refusé, depuis janvier dernier, les différentes solutions proposées par la commission de l'UA. A la fin du mois de mai, les autorités sénégalaises avaient même annoncé qu'elles suspendaient leurs négociations, avec les experts de l'Union Africaine sur le sujet.

Quand le Tchad s'est porté candidat, les organisations des droits de l'homme sont montées au créneau. Pour elles, l'accusé ne pourrait pas, pour des raisons politiques, bénéficier d'un procès équitable dans son pays d'origine.

Face à ce casse-tête,  le dernier sommet de l'Union africaine, fin juin, à Malabo, en Guinée Equatoriale, a appelé à de nouvelles candidatures. Le Rwanda s'est alors porté volontaire alors que certains milieux continuent de privilégier une extradition vers la Belgique.

Une première requête des autorités belges avait été rejetée en raison du manque de certaines pièces. Une autre est en cours d'examen par la justice sénégalaise.

Le Rwanda, qui a aboli la peine de mort et mené une réforme de son système judiciaire, recherche une reconnaissance internationale qui permettrait notamment l'extradition de suspects de génocide en fuite à l'étranger.

En juin  dernier, une chambre de première instance du TPIR a, pour la première fois, fait droit à une demande visant à renvoyer un accusé vers la justice rwandaise. Cinq précédentes requêtes du genre avaient été rejetées au motif que les conditions d'un procès équitable n'étaient pas encore réunies au Rwanda. La décision de transfert n'a cependant pas été exécutée suite à l'appel interjeté par le concerné, le pasteur pentecôtiste Jean Uwinkindi.

Par ailleurs, Kigali, qui ne cesse de revendiquer son « droit naturel » d'héberger les condamnés du TPIR, abrite depuis 2009 six Sierra- léonais  coupables de crimes graves durant la guerre civile qui a ravagé leur pays de 1991 à 2002. Ces condamnés, qui comprennent à la fois d'anciens rebelles et des miliciens progouvernementaux, purgeront des peines de 15 à 22 ans au Rwanda, la Sierra Leone ne disposant pas de prison qui réponde aux standards internationaux. Pour sa part, le TPIR n'a cependant pas encore renvoyé de condamné au Rwanda.

ER/GF

© Agence Hirondelle