Poursuivi pour entente en vue de commettre le génocide, génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, extermination et assassinats, l'ancien responsable est présenté par l'accusation comme le principal instigateur des massacres de Tutsi en 1994 dans sa préfecture d'origine, Gitarama (centre). Ce qu'il a toujours nié.
Selon l'acte d'accusation, Nzabonimana aurait, avant le génocide, activement participé au recrutement, à l'endoctrinement, à la formation et l'armement de miliciens Interahamwe, au Rwanda et, en particulier, dans la préfecture de Gitarama. Après le déclenchement des massacres, il aurait, toujours selon le procureur, ordonné l'érection, en différents endroits de la préfecture, de barrages routiers qu'il aurait ensuite visités et supervisés, distribuant au passage armes, argent, bière et nourriture aux tueurs.
Selon le procureur, l'influence de l'accusé dépassait les civils présents aux barrages routiers pour s'étendre aux soldats et gendarmes, sans oublier les responsables administratifs (préfet, maires, conseillers de secteurs et responsables de cellules). L'accusation soutient que Nzabonimana a abusé de cette autorité pour appeler aux massacres de Tutsi lors de nombreuses publiques en 1994 dans la préfecture.
Il est ainsi allégué que le 18 avril 1994, lors d'une réunion au centre de formation de Murambi, en compagnie d'autres membres du gouvernement, l'accusé a ordonné de tuer les maires et autres responsables administratifs qui étaient opposés aux massacres. Aussitôt après cet appel, soutient la poursuite, le maire de Mugina, Callixte Ndagijimana, et d'autres responsables locaux furent tués.
Dans sa défense, l'ex-ministre s'est attaché à démontrer qu'il n'était pas aussi influent dans cette région. Il a expliqué qu'il était membre du parti présidentiel, le MRND, alors que Gitarama était, depuis l'avènement du multipartisme en 1991, le bastion du principal parti de l'opposition, le Mouvement démocratique républicain (MDR).
L'ex-ministre a par ailleurs présenté une défense d'alibi pour les 8 et 9 avril 1994, dates au cours desquelles la partie adverse soutient qu'il était dans sa commune natale, Nyabikenke, occupé à organiser les massacres de Tutsis.
Citant notamment des documents officiels français, la défense a affirmé que Nzabonimana se trouvait à l'ambassade de France à Kigali du 7 au 11 avril 1994. Le procureur a rétorqué qu'il pouvait bien se rendre à Nyabikenke, y diriger des réunions, et rentrer à Kigali. L'accusé a répliqué que la situation qui prévalait dans la capitale et ses alentours après la reprise des hostilités et la prolifération des barrages routiers, n'aurait pas permis ces allers-retours.
L'ex-ministre a été arrêté en Tanzanie le 18 février 2008 et son procès s'est ouvert le 09 novembre 2009.
La chambre qui le juge est présidée par l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa et comprend, en outre, le Russe Bakhtiyar Tuzmukhamedov et le Malgache Mparany Rajohnson.
ER/GF
© Agence Hirondelle