Taille moyenne, visage rond et forte carrure de montagnard, l'ex-ministre de la Jeunesse est né en 1953 dans la commune Nyabikenke, dans la préfecture de Gitarama (centre du Rwanda). Ses parents vivaient de l'agriculture dans cette commune au sol peu fertile.
Fils de paysans, il réussit pourtant un beau parcours académique. Ayant achevé ses études secondaires, il entre à l'Université de Dijon, en France, où il obtiendra une licence en géologie. Poursuivant ses études dans le même domaine, il décroche un doctorat à l'Institut polytechnique de Lorraine à Nancy.
Selon son avocat, Vincent Courcelle-Labrousse, il aurait pu travailler dans le secteur minier en France. Mais le jeune universitaire choisit de rentrer dans son pays, où il est vite remarqué par le général Juvénal Habyarimana qui le nomme, en 1984, secrétaire général à la présidence de la République.
Cinq ans plus tard, il fait son entrée au gouvernement comme ministre du Plan, un département que le président Habyarimana tenait toujours à confier à un brillant universitaire.
En 1990, il est muté au ministère de la Jeunesse et du Mouvement associatif.
Après l'avènement du multipartisme en juin 1991, il reste membre du parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), alors que la plupart des intellectuels de sa région entrent dans l'opposition. Il sera reconduit à ce portefeuille le 16 avril 1992 au sein du premier gouvernement de coalition.
Cette équipe gouvernementale mise en place au terme de laborieuses négociations entre le MRND et les partis d'opposition est dirigée par le Premier ministre Dismas Nsengiyaremye, originaire de Gitarama, comme Nzabonimana, mais membre du Mouvement démocratique républicain (MDR).
Nzabonimana occupera les mêmes fonctions dans le deuxième gouvernement de coalition mis en place le 18 juillet 1993 et dirigé par Agathe Uwilingiyimana qui sera assassinée le 7 avril 1994, aux premières heures du génocide. Membre du MDR, cette dernière venait de la préfecture de Butare (sud).
Le 9 avril 1994, il prête serment, toujours comme ministre de la Jeunesse, devant le président intérimaire Théodore Sindikubwabo et le Premier ministre Jean Kambanda.
Trois jours plus tard, la descente aux enfers commence. Les ministres et leurs principaux collaborateurs s'installent au centre de formation de Murambi, dans la préfecture de Gitarama. Ils laissent derrière eux à Kigali l'armée qui tente de repousser les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR).
Le général-major Augustin Bizimungu, nommé chef d'Etat-major de l'armée par le nouveau gouvernement, promet de reprendre les positions "tombées" Mais la présence des rebelles est signalée, au milieu du mois suivant, aux abords de Murambi.
Le gouvernement évacue Gitarama. Le 29 mai, les ministres se replient sur Gisenyi (nord-ouest) à la porte du Zaïre de Mobutu Sese Seko, de peur d'être capturés par une rébellion qui vole de victoires en victoires.
Durant tout le mois de juin, les combats font rage à Kigali. Le 4 juillet, au petit matin, la capitale tombe entre les mains des troupes rebelles. Deux semaines plus tard, les troupes du FPR s'emparent de Ruhengeri (nord) et s'apprêtent à marcher sur Gisenyi.
Callixte Nzabonimana et les autres dignitaires franchissent alors la frontière avec le Zaïre. L'exil commence, suivi, plus tard, de la cavale. L'ex-ministre sera finalement arrêté à Kigoma, en Tanzanie, le 18 février 2008 et transféré le lendemain au centre de détention du TPIR à Arusha, dans le même pays.
ER/GF
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