10.11.11 - CPI/NGUDJOLO - NDGUDJOLO ACCUSE LE PROCUREUR DE PROTEGER « KABILA ET MUSEVENI »

La Haye, 10 novembre 2011 (FH) - Mathieu Ngudjolo a poursuivi cette semaine sa déposition devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Au terme de près de dix heures de contre-interrogatoire, le milicien s'est effondré dans le prétoire, accusant le procureur d'agir pour le compte des gouvernements congolais et ougandais.

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Poursuivi pour crimes contre l'humanité commis lors de l'attaque de Bogoro le 24 février 2003, Mathieu Ngudjolo, infirmier de profession, affirme que ce jour-là il procédait à un accouchement au centre de santé de Kambutso.

Au cours de son contre-interrogatoire, débuté mardi, le substitut du procureur, Eric McDonald, a présenté aux juges une photo datant de 2006, sur laquelle l'accusé figure aux cotés d'un journaliste et d'une troisième personne. Pour l'accusation, la troisième personne était un enfant soldat. Mais Mathieu Ngudjolo a refusé de se prononcer, affirmant ne pas la connaître.   

Reprochant au procureur de s'appuyer sur un document datant de 2006, longtemps après les crimes reprochés, les avocats de Mathieu Ngudjolo ont objecté, regrettant aussi que l'accusation n'aie jamais appelé l'auteur de la photographie à la barre des témoins.   

Mais après près de dix heures de contre-interrogatoire, Mathieu Ngudjolo est apparu exténué. «En ituri, il y avait un phénomène ‘enfants-soldats', mais cela ne veut pas dire que tout le monde les a utilisé » a-t-il d'abord expliqué. Il a ensuite pointé les accusation de viols et de violences sexuelles reprochées par le procureur. « Dites-moi quel témoin, quelle fille a été amenée devant le juge pour parler de viols et d'esclavage sexuel ? On a confirmé des charges que j'ignore ! Le procureur cherche à me condamner par tous les moyens » a-t-il lancé.

« Il protège Kabila et Museveni, qui sont les vrais auteurs des crimes », a-t-il affirmé, avant d'insister pour que « le procureur présente des preuves fiables ». S'adressant aux trois juges il a ajouté ne pas comprendre « pourquoi on peut me condamner en se basant sur ce que dit la communauté internationale, alors qu'il n'y a pas de preuves. Non, monsieur le président, je ne suis pas d'accord », a-t-il encore ajouté, accusant une grande fatigue et essuyant quelques larmes.

Le procureur a par ailleurs largement évoqué l'accord de cessez-le-feu signé le 18 mars 2003 par plusieurs groupes armés de l'Ituri, et au bas duquel figure la signature du « colonel Mathieu Ngudjolo ». Présent lors de la cérémonie de signature, l'accusé a expliqué avoir du signer pour combler l'absence de l'un des autres signataires. « J'ai été invité à signer avec eux, d'autant plus que moi, j'avais intérêt à ce qu'il y ait la paix. » «

Pourquoi avoir utilisé le titre de Colonel ? » L'a interrogé Eric McDonald. « Je me suis octroyé le grade de colonel, parce que mon objectif était d'intégrer l'armée nationale » à la fin des hostilités, a rétorqué Mathieu Ngudjolo.   

Mathieu Ngudjolo subit son procès aux cotés de Germain Katanga depuis novembre 2009. Il a été transféré à la prison de la CPI en février 2008.

SM/GF   

© Agence Hirondelle