03.02.12 - CPI/BEMBA - BEMBA A FAIT JUGER SES SOLDATS POUR SE DEDOUANER (TEMOIN)

La Haye, 3 février 2012 (FH) - Cité par l'accusation dans le procès du sénateur congolais Jean-Pierre Bemba, le témoin 45, « haut cadre » du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), a affirmé que les procès intentés par le MLC contre ses propres soldats pour leurs exactions en République centrafricaine étaient fictifs et visaient simplement à rassurer la communauté internationale.

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Trente-septième témoin appelé par le procureur depuis le début du procès, en novembre 2010, "45" a déposé pendant quatre jours, essentiellement à huis-clos.

Pour la défense de Jean-Pierre Bemba néanmoins, les procès conduits contre des soldats du MLC démontrent que l'accusé n'était pas responsable des exactions commises en 2002 et 2003 par ses troupes en Centrafrique, commises par des éléments incontrôlés qu'il a lui-même fait juger. Les soldats du MLC avaient été envoyés en Centrafrique pour soutenir le président d'alors, Ange-Félix Patassé, menacé par une rébellion.

Devant la CPI, Jean-Pierre Bemba doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis par ses hommes, en sa qualité de supérieur hiérarchique.

« Chaque fois que les troupes du MLC prenaient une localité, il était question d'exactions, de pillages, de viols, et de meurtres, a raconté le témoin. Il fallait faire quelque chose pour sauver l'image du MLC qui était ternie et dégager la responsabilité militaire du MLC » explique-t-il. Un procès a alors été organisé, début 2003.

Rappelant un courrier de Jean-Pierre Bemba adressé aux Nations unies, le témoin 45 a affirmé que « l'objectif était de donner des gages à la communauté internationale, de dire, voilà, je suis transparent, j'ai arrêté des troupes, des éléments et vous aussi, aidez-moi à mener des enquêtes pour éclairer d'avantage la situation ». Interrogé par maître Peter Haynes, l'un des défenseurs du sénateur congolais, le témoin a ajouté que Jean-Pierre Bemba « était lui-même convaincu qu'il fallait conduire un procès pour se dédouaner ».

Le témoin a ajouté que l'accusé était sous une forte pression, de la part des ONG, des médias, de la communauté internationale. « Ce qui était important, c'était comment sortir de la situation. Il fallait trouver une solution. Son point de vue était qu'il était victime d'un complot et que les choses étaient amplifiées. » Selon « 45 », Jean-Pierre Bemba « disait qu'il y avait une campagne de déstabilisation contre lui, parce que son intervention avait entravé les intérêts français. Selon lui, la France ne voulait plus du président Patassé».

Le procès de Jean-Pierre Bemba s'est ouvert le 22 novembre 2010. Le procureur compte appeler encore trois témoins à la barre. Ce sera ensuite au tour des représentants des victimes de citer leurs propres témoins.

SM/ER/GF

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