17.02.12 - CIJ/HABRE - LA CIJ TIENDRA DES AUDIENCES EN MARS SUR L'AFFAIRE HABRE

La Haye, 17 février 2012 (FH) - La Cour internationale de Justice (CIJ) tiendra des audiences du 12 au 21 mars dans l'affaire Habré, qui oppose le Sénégal à la Belgique. Chargée de régler les différends entre Etats, la Cour internationale de Justice, basée à La Haye, avait été saisie par la Belgique en février 2009. Pour Bruxelles, le Sénégal a l'obligation légale de juger Hissène Habré sur son sol, ou à défaut, de l'extrader vers la Belgique où une procédure est ouverte contre lui depuis 2005.

2 min 7Temps de lecture approximatif

L'ancien président du Tchad s'était exilé au Sénégal en 1990, après avoir été chassé du pouvoir par l'actuel chef de l'Etat, Idriss Deby. En 2000, des victimes avaient porté plainte devant les juridictions du Sénégal pour les crimes commis par la police secrète du régime, entre 1982 et 1990. Selon Human Rights Watch, très active dans cette affaire, la dictature Habré aurait fait plus de 12 000 victimes. 

Faute d'obtenir la tenue d'un procès au Tchad, plusieurs victimes s'étaient tournées vers la justice belge, en vertu de sa loi de compétence universelle permettant à la Belgique de juger sur son sol les auteurs de crimes commis à l'étranger. Depuis 2005, Bruxelles demande son extradition. La Belgique a été régulièrement déboutée. La dernière fois, en janvier 2012.

Le Sénégal s'était assuré du soutien de l'Union africaine (UA) qui l'avait mandaté, en juillet 2006, pour juger l'ancien chef d'Etat. Depuis, Dakar assure qu'elle est prête à juger Hissène Habré, mais a usé de multiples manœuvres dilatoires. Le Sénégal avait notamment demandé des aides financières. L'Union européenne l'avait assuré de son soutien et envoyé plusieurs experts pour tenter de trouver un accord financier.

En janvier 2011, l'Union africaine avait suggéré la mise en place d'une chambre spéciale mixte, composée de magistrats africains et sénégalais. Mais Dakar a finalement suspendu ses discussions avec les experts de l'UA. En juin 2011, l'organisation continentale a alors appelé d'autres pays à se porter candidat. Le Rwanda s'est déclaré volontaire pour le juger sur son sol. Comme le Tchad. Mais ces candidatures ont suscité la suspicion des victimes. Lors du dernier sommet de l'UA, fin janvier 2012, le Tchad a proposé de mettre sur pied un tribunal international pour le juger à Ndjamena.

Pour les associations de victimes, ces négociations rendent de plus en plus difficile la tenue d'un procès pour des crimes commis il y a plus de vingt ans, alors que les témoins vieillissent ou disparaissent. A 70 ans, Hissène Habré continue de bénéficier d'un exil confortable en banlieue de Dakar. La décision de la Cour internationale de Justice n'est pas attendue avant plusieurs mois. 

SM/ER/GF

© Agence Hirondelle