15.03.12 - CPI/LUBANGA - LE JUGEMENT LUBANGA, « DE L'INJUSTICE », SELON SON PARTI

Arusha 15 mars 2012 (FH) - Le parti du Congolais Thomas Lubanga déclaré mercredi coupable d'enrôlement d'enfants dans son ancienne rébellion, a crié jeudi à l'injustice, accusant la Cour pénale internationale (CPI) d'être manipulée par le régime du président Joseph Kabila.

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Dans ce premier jugement de l'histoire de la CPI, l'ancien chef de milice a été reconnu coupable d'avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans dans ses troupes et de les avoir fait participé activement à des hostilités entre le 1er septembre 2002 et le 13 août 2003, dans l'Ituri (est de la RDC).   

Lubanga était alors chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) et de sa branche armée, les Forces patriotiques de libération du Congo (FPLC).   

« Ce n'est que de l'injustice. Au regard de ce jugement, la cour pénale internationale n'a aucune crédibilité pour nous. Il y a là une manipulation de la part du pouvoir de Kinshasa », a réagi le député national John Tinanzabo, président intérimaire de l'UPC, aujourd'hui dans l'opposition au président Kabila.   

« Nous sommes déçus, tout le monde en Ituri est déçu, la population est même énervée. En Ituri, Thomas Lubanga n'est pas considéré comme un criminel. Sinon, moi qui suis son bras droit, moi qui ai fondé avec lui l'UPC, je n'aurais pas été élu député national», a poursuivi le parlementaire joint au téléphone.   

Sans mâcher ses mots, Tinanzabo a accusé le procureur de la CPI d'avoir « utilisé l'argent pour appuyer son accusation ». « Cela, même les juges l'ont reconnu, même s'ils sont passés outre pour déclarer Lubanga coupable ».   

Dans son jugement, la chambre a épinglé le procureur sur la qualité de ses enquêtes, lui reprochant d'avoir délégué à des intermédiaires douteux ses responsabilités en matière d'investigations.  

Selon Radio Okapi, des partisans de Lubanga, qui avaient mis mercredi leurs habits du dimanche dans l'espoir d'un acquittement n'ont pas caché leur colère après le prononcé du verdict. Ils se sont mis à proférer des propos hostiles à la CPI mais sans s'en prendre à personne.

Nombre d'entre eux auraient souhaité que le procureur de la cour internationale se penche plutôt  sur les massacres à grande échelle ayant émaillé le conflit armé dans cette partie de la RDC.   

Certains représentants d'ONGs locales ont pour leur part estimé que Lubanga n'était qu'un "faible maillon" et ont appelé à des poursuites contre de grands suspects qui circuleraient librement à Kinshasa.

Selon le verdict prononcé mercredi matin, Lubanga a participé à « un plan commun, destiné à mettre sur pied une armée dans le but de prendre et conserver le contrôle de l'Ituri, aussi bien politiquement que militairement. » Ce plan, estiment les trois magistrats, a « abouti à l'enrôlement d'enfants » au sein des FPLC, la branche armée de l'UPC, dont le condamné était le plus haut responsable.

Parmi les autres personnes parties au plan, les juges ont mentionné Bosco Ntaganda, aujourd'hui général de l'armée congolaise. Visé par un mandat d'arrêt de la CPI, délivré en 2006 pour crimes de guerre en 2002-2003 en Ituri, quand il était dans la milice de Thomas Lubanga, le général Ntaganda bénéficie de la protection du président Joseph Kabila, qui affirme que « la paix et la sécurité [à l'est] passent avant toute chose ».

Des ONGs internationales des droits de l'homme ont appelé mercredi Kinshasa à livrer Ntaganda à la CPI.

ER/GF   

© Agence Hirondelle