15.03.12 - CPI/LRA - A OBO, ON TRAQUE DEPUIS 2009 L'OUGANDAIS JOSEPH KONY (REPORTAGE)

Obo, 15 mars 2012 (FH) - Les soldats centrafricains, ougandais et américains installés à Obo, dans le sud-est de la République centrafricaine, n'ont pas attendu la vidéo Kony2012 dénonçant les exactions du chef rebelle ougandais  de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) pour tenter de le capturer. Les troupes ougandaises sont arrivées dans la région en 2009, rejointes par les Américains en décembre 2011, mais leurs efforts sont jusqu'à présent restés vains.

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Joseph Kony est sous le coup d'un mandat de la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2005. Recherché pour crimes contre l'humanité, il a fui l'Ouganda depuis plusieurs années. Ses troupes, quelques centaines de combattants, composées en partie d'enfants enlevés et forcés à combattre, poursuivent leurs exactions en République démocratique du Congo (RDC) et en Centrafrique.

Selon Radio Ndeke Luka, un commandement tripartite (Centrafrique-Ouganda-US) a été installé  à Obo en décembre 2011. En janvier 2012, les opérations tripartites ont commencé. Le contingent américain coordonne les troupes, fournit une aide logistique, et se charge de collecter des renseignements, grâce notamment à l'appui d'un hélicoptère, tandis que les Ougandais et les Centrafricains effectuent les patrouilles de recherche à pied, ou en véhicules équipés de mitrailleuses.

C'est en octobre 2011 que le président américain Barack Obama a décidé, après un vote du Congrès, de déployer une centaine de conseillers militaires dans la région pour soutenir les troupes africaines engagées dans la lutte contre la LRA. Une partie des hommes sont stationnés à Kampala, la capitale ougandaise, tandis que d'autres opèrent depuis Obo, une bourgade isolée de 15 000 habitants.

Dans la région, les exactions de la LRA se mêlent depuis 2008 à celles des braconniers, très présents dans cette région proche du Soudan. Le 11 mars, un jeune homme de 19 ans a ainsi été capturé dans les champs à 5 kilomètres de la ville d'Obo. Libéré tard le soir, il a témoigné avoir servi de porteur de pointes d'ivoire pendant quelques heures.

Ainsi échaudée, la population locale rechigne à aller cultiver plus loin, rejetant un appel des autorités administratives et militaires qui estiment que des activités agricoles peuvent être menées au-delà de 25 kilomètres d'Obo.

« Les patrouilles militaires ne peuvent pas combattre la LRA, seule l'installation des sous-groupes militaires dynamiques dans la région peut résoudre ce problème. Les hommes de Kony sont partout dans la préfecture ; sur l'axe Djema, Zémio, Mboki, Rafaï », a confié à Radio Ndeke Luka, un agriculteur, s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Formée en 1986 dans le nord de l'Ouganda, pour s'opposer à la prise du pouvoir par Yoweri Museveni, cette rébellion s'est rendue coupable des pires exactions, dont l'enlèvement de milliers d'enfants contraints à combattre.

Suite aux mandats émis par la Cour, les chefs de la LRA avaient accepté de négocier et annoncé la cessation des combats en août 2006. Mais faute d'accord, les exactions reprenaient en décembre 2008, cette fois en République démocratique du Congo, en Centrafrique et au Sud Soudan.

NL/ER/GF

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