26.03.12 - RWANDA/MUGESERA - MUGESERA REFUSE D’ETRE INTERROGE EN KINYARWANDA, LE PARQUET MAINTIENT SON CHOIX

Arusha, 26 mars 2012 (FH) - L'universitaire et homme politique rwandais Léon Mugesera, extradé du Canada en janvier, a refusé d’être interrogé en langue rwandaise, alors que l’ouverture de son procès  pour génocide est prévue le 2 avril, apprend-on lundi du parquet général à Kigali.

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Mugesera, qui était recherché par la justice rwandaise depuis 1995, est poursuivi notamment pour un discours en langue rwandaise prononcé en 1992 lors d’un meeting de son parti, le MRND, alors parti présidentiel.

Le 2 février, le linguiste avait été inculpé pour planification du génocide des Tutsis 1994, incitation à prendre part au génocide et distribution d'armes. N'ayant pas encore d'avocat de son choix, il avait demandé plus de temps avant de dire s'il plaiderait coupable ou non coupable.

« Il a choisi de ne pas être interrogé en kinyarwanda. Mais, pour le parquet, cela ne devrait pas entraver la procédure. Il peut même choisir de ne pas répondre du tout ou de ne pas venir à l’audience, cela ne devrait pas bloquer la procédure », a indiqué le procureur général Martin Ngoga, dans un dans un entretien avec l’agence Hirondelle.

« Il a le droit d’utiliser la langue de son choix dans le procès. Mais cette affaire est spécifique, pour nous, ce n’est pas seulement une question de langue, c’est la substance même du dossier. Il ne faut pas sortir le discours de Mugesera de son contexte, de sa langue », a expliqué M.Ngoga joint au téléphone à Kigali.

De l’avis de l’accusation, « il y a dans, ce discours, des expressions et des insinuations dont le sens se perd dans la traduction d’une langue à une autre ; il s’en est d’ailleurs servi à plusieurs reprises devant les juges canadiens qui ne comprennent pas le kinyarwanda ».

« Mugesera est linguiste, il sait ce qu’il cherche (…) Pour nous, l’anglais ou le français peuvent utilisés à l’audience s’il y a des avocats qui ne comprennent pas le kinyarwanda mais la langue des juges, la langue officielle des débats devra être le kinyarwanda », a insisté le procureur général.

L’accusation considère que ce discours est l'un des éléments déclencheurs du génocide des Tutsi  de 1994.

Dans cette célèbre intervention, l’orateur avait appelé les Hutus à renvoyer les Tutsis « chez eux en Ethiopie », en les faisant passer par la rivière Nyabarongo, dans laquelle des Tutsi furent jetés vifs ou morts deux ans plus tard.

ER/GF