02.04.12 - RWANDA/GENOCIDE - MUGESERA DEMANDE UN NOUVEAU REPORT DE SON PROCES, DECISION MARDI

Kigali, 2 avril 2012 (FH) – Léon Mugesera, l’universitaire et homme politique rwandais extradé du Canada en janvier pour répondre d’accusations de génocide, devant la justice de son pays, a demandé lundi un nouveau report de l’ouverture de son procès, a constaté l’agence Hirondelle.

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Le tribunal de grande instance de Nyarugenge, dans la ville de Kigali, rendra sa décision mardi.

Mugesera est surtout poursuivi pour un discours en langue rwandaise prononcé en novembre 1992 lors d’un meeting de son parti dans le nord du Rwanda.

Le procès n’avait pas pu démarrer le 2 février, l’accusé ayant fait valoir qu’il n’était pas encore valablement représenté.

A l’audience de lundi, Mugesera a brandi le même argument. « J’ai besoin d’un délai supplémentaire d’un mois pour que mon équipe de défense soit au complet pour m’assurer une défense pleine et entière », a demandé l’universitaire qui était assisté d’un seul avocat, le Rwandais Donat Mutunzi.

« Je demande un mois pour parler et donner mandat à chacun d’eux », a-t-il précisé. Il a expliqué que cette équipe devrait comprendre en tout six Canadiens, deux Rwandais et un Américain.

Mugesera, qui s’exprimait essentiellement en français, a par ailleurs avancé qu’il n’avait pas encore été interrogé et qu’il ne connaissait pas encore les allégations portées contre lui.

Effectivement, le parquet n’a pas pu l’interroger, suite à son refus de répondre en kinyarwanda, langue dans laquelle il avait prononcé le discours incriminé.

« Dans les domaines juridique et scientifique, il y a des termes que je connais pas en kinyarwanda », a plaidé Mugesera, invoquant le droit à être interrogé dans une langue qu’il comprend.

« Il a le droit d’être interrogé dans la langue qu’il comprend et non dans la langue de son choix », a réagi le procureur Ndibwami Rugambwa.« Le discours a été prononcé en kinyarwanda, ceux qui ont subi les conséquences de ce discours parlent kinyarwanda et Mugesera lui-même parle kinyarwanda », a argumenté le magistrat. Pour ce représentant du ministère public, traduire le discours du kinyarwanda vers une autre langue diluerait le message de cette prise de parole présentée par l’accusation comme un appel sans équivoque à commettre le génocide des Tutsis.

La juge Sauda Murerehe rendra sa décision mardi dans la matinée sur la demande de report et la langue du procès.

Dans sa célèbre intervention, l’orateur avait appelé les Hutus à renvoyer les Tutsis « chez eux en Ethiopie », en les faisant passer par la rivière Nyabarongo, dans laquelle des Tutsi furent jetés vifs ou morts deux ans plus tard.

SRE/ER/GF