19.04.12 - TPIR/TRANSFERTS - TRES LOURDES ACCUSATIONS DANS LE DOSSIER DU PASTEUR UWINKINDI

Arusha, 19 avril 2012 (FH) - Les allégations portées contre le pasteur pentecôtiste Jean Uwinkindi, qui devait être remis aux autorités rwandaises ce jeudi, ont de quoi donner le frisson. Dans l’acte d’accusation tel que modifié le 16 décembre 2011 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’homme d’église est inculpé de génocide et extermination (crime contre l’humanité) pour des crimes commis dans la commune Kanzenze (est du Rwanda) entre le 6 avril et la mi-mai 1994.

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Selon ce document de huit pages, trois barrages routiers furent érigés le 7 avril 1994 sur ordre du pasteur, aux abords de son église paroissiale de Kayenzi. Uwinkindi serait allé, le même jour, voir Bernard Gatanazi, le maire de la commune, pour lui demander des renforts afin de tuer les Tutsis. Il serait ainsi revenu avec deux gendarmes et trois policiers communaux qui ont par la suite pris part aux massacres.

Deux jours plus tard, l’homme d’église décide, à en croire l’accusation, de passer à la vitesse supérieure. « Le 9 avril 1994 ou vers cette date, Jean Uwinkindi, à la tête d’un groupe (d’assaillants) a attaqué un groupe de Tutsis qui s’étaient réfugiés sur la colline de Kayenzi, et tué Sébastien Bandora. Non seulement, il était le meneur des assaillants mais il a participé à l’attaque », allègue l’acte d’accusation. « Les civils tutsis ayant résisté à l’attaque, Jean Uwinkindi a quitté la colline de Kayenzi pour revenir peu après avec environ huit gendarmes devant prêter main forte aux assaillants. Les gendarmes ont tiré sur les civils tutsis et en ont tué un grand nombre », poursuit le document.

Le lendemain, ce sont des battues dans les terres marécageuses. « Le 10 avril 1994 ou vers cette date, Jean Uwinkindi a mobilisé des assaillants armés et les a transportés à bord de véhicules appartenant à Bapfakurera et à Apollo pour lancer une attaque contre les civils tutsis qui s’étaient cachés dans les marécages de papyrus de Cyugaro. De nombreux civils tutsis ont été tués », accuse encore le procureur. « Peu après le 12 avril ou vers cette date », après une réunion au bureau communal de Kanzenze, le pasteur aurait participé à « une attaque de grande envergure contre les civils tutsis qui s’étaient réfugiés » en ce chef-lieu administratif. L’attaque a duré environ trois heures et fait de nombreux tués, poursuit le procureur qui souligne qu’Uwinkindi a tué en personne un certain Gashonga.

L’accusation clôt l’inventaire des sites de massacres par l’enceinte même de l’église paroissiale de Kayenzi. Entre le 7 avril et la mi-mai 1994, l’accusé aurait, à plusieurs reprises, invité les Tutsis, principalement des femmes et des enfants, à se réfugier dans cette Maison de Dieu. « Il a personnellement découragé les hommes à s’y réfugier. Il voulait s’assurer que les réfugiés n’opposeraient aucune résistance lorsqu’ils seraient attaqués (...) Il a permis à des (miliciens) Interahamwe de s’installer dans l’enceinte et le voisinage de l’église », poursuit le procureur.

Ces miliciens, « ont fait sortir de force des femmes et des enfants de l’église et les ont tués. A plusieurs reprises, Jean Uwinkindi a supervisé ces crimes », ajoute le texte. 

Ce sera à la justice rwandaise de dire si Uwinkindi est un diable en col de prêtre ou un pasteur innocent, comme il l’a clamé lors de sa comparution devant le TPIR.

L’homme d’église est le premier détenu du TPIR à être reconduit au Rwanda pour y être jugé par la justice de son pays.

ER/GF