15.05.12 - CPI/KATANGA - «A BOGORO, LES ATTAQUANTS SE SONT LIVRES A UN CARNAGE » (PROCUREUR)

La Haye, 15 mai 2012 (FH) – Le procureur a présenté mardi ses conclusions finales dans l’affaire intentée contre Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo. Les deux miliciens congolais sont poursuivis pour crimes contre l’humanité commis lors de l’attaque de Bogoro, en Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 24 février 2003.

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«A Bogoro, les attaquants se sont livrés à un véritable carnage », a affirmé le substitut du procureur, Eric McDonald. « Les Lendu et les Ngiti – ethnies des deux accusés - étaient habités par la haine de l’ennemi Hema » a-t-il ajouté. « Ngudjolo et Katanga étaient animés par l’esprit de vengeance. » 

Vêtus de costumes sombres pour écouter les conclusions du procureur, les deux accusés contestent ses allégations. Commandant du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), et infirmier de profession, Mathieu Ngudjolo avait tenté de démontrer, au cours du procès, qu’il n’était pas présent sur les sites de crimes, mais procédait à un accouchement.

Pour le substitut, Gilles Dutertre, cela « ne pose pas un grand problème juridique », car l’accusé, poursuivi en qualité de supérieur hiérarchique, n’a pas besoin d’être présent sur les sites de crimes pour être responsable. Il a cependant expliqué que les témoins de la défense, sur ce point, n’étaient pas crédibles. « Le chef Manu est le partisan le plus affiché de Mathieu Ngudjolo », a-t-il affirmé ajoutant que les autres témoins appelés par la défense à la barre « cherchaient à protéger l’enfant du pays ». 

Le substitut Lucio Garcia a tenté de contrer les arguments de Germain Katanga, considéré par l’accusation comme le commandant des Forces de résistances patriotiques en Ituri (FRPI). Lui affirme n’avoir ni planifié, ni commandé l’attaque de Bogoro. Mais pour Lucio Garcia, « tous les combattants des FRPI étaient sous l’autorité de Katanga et tous les combattants étaient soumis aux ordres de Katanga. Au moment de l’attaque de Bogoro, il disposait, au minimum, d’un millier de combattants sous ses ordres. » Certains témoins ont affirmé que c’est M. Katanga « qui a planifié, qui a organisé et dirigé l’attaque de Bogoro avec M Ngudjolo. Il y a même pris part et se trouvait à Bogoro suite à la victoire des siens » a asséné le substitut.

Le procès s’était ouvert le 24 novembre 2009. Les représentants des victimes présenteront leurs conclusions mercredi, et seront suivis par les avocats de Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga, les 21 et 22 mai.

SM/GF